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jeudi 18 août 2011

Un sujet aux poils !

Yoann - Paris - Sportif Capra

L’été, la plage, la piscine, les chemises ouvertes, les tee-shirts col V et les torses nu nous montrent quoi ?
Des torses avec une pilosité variée, allant de la touffe de bison au duvet et au glabre. Une peau lisse de bébé. En cette période estivale, pour certains, une question s’impose, laisser la toison ou la tondre ? Les hommes aussi sont partagés entre le désir d’une pilosité abondante – signe extérieur de virilité – et un corps glabre, musclé façon gladiateur. Comme souvent, les modes et tendances sont influencés par le milieu gay, mais nous ne sommes plus forcément dans ces stéréotypes. Tous les modèles cohabitent chez tout le monde.
Kevin Fortin vous propose donc de vous faire une idée, dans cet article qui ne prend pas partie pour le clan des « pour » et celui des « contres ».

Les différences, qui s’estompent entre les hommes et les femmes en référence à l’égalité et à la parité, se déplacent de la scène socioculturelle, traditionnelle, pour se concentrer sur ce que j’appelle la « plastique identitaire ». La mise en forme, la mise en scène du corps avec des vêtements proches d’une seconde peau ou soucieux du bien-être multipostures et multifonctions apparaissent aujourd’hui fondamental. Le corps se montre d’autant plus nu ou derrière un vêtement – que je qualifie de « revêtement » ( intégré ou contestataire, normé ou créatif ) – qu’il signifie d’emblée la différence dans le sens du masculin ou du féminin, ou du mélange et de la confusion volontaire des genres. On peut aussi interprété dans ce même sens le rapport à la pilosité, qui rend compte et témoigne pour ces raisons de rapports à soi et aux autres très complexes.

L’homme des cavernes avait pour principal attribut masculin sa pilosité abondante, et à l’époque, on prend le pari que leurs compagnes en étaient satisfaites ! Mais en 2011, le Neandertal a déjà un peu moins la cote : beaucoup d’hommes aujourd’hui n’hésitent pas à sortir rasoir, cire et crème dépilatoire pour traquer le moindre poil. Pourtant, l’épilation masculine est loin de faire l’unanimité. Bien que l’épilation masculine se soit démocratisée ces dernières années, certaines femmes sont encore adeptes de l’homme velu. Et malgré les idées reçues, « ce n’est pas sale ».

1/ Explications
Vers les années 70, les poils chez les hommes étaient signe de virilité. On les exhibait, on les montrait et ça ne serait venu a l’idée de qui que ce soit d’en couper un seul, autre qu’un de barbe ou de moustache. Quand on était un homme, un vrai, on était poilu, et le plus possible. Cependant, depuis peu, des hommes ont commencé à s’épiler. Cette « mode », lancée par la communauté homosexuelle, et immédiatement reprise par les figures de la séduction masculine, est en train de se répandre. On rase, on épile, on arrache, on coupe, on passe au laser, toutes les méthodes sont bonnes pour se débarrasser des poils. La guerre est lancée !

Le pour : Eh oui, pour certains le pour n’existe pas, mais la jeune génération de femmes trouve en général plus séduisant un peau sans poils, un peau douce et « de bébé ». C’est plus doux, moins râpeux, ça sent moins, bref c’est super, et les hommes l’ont bien compris. Enfin certains.


Le contre : Eh oui, à chaque bonne chose ses mauvais cotés ! Dans les inconvénients, on a le fait qu’une peau sans poils conduit beaucoup moins bien les sensations, et on devient inéluctablement moins sensible aux caresses, le sens du toucher en général est engourdi. Certains hommes trouvent que ça fait « tapette », qu’on est pas un homme si on s’épile, etc... et ne s’épileraient pour rien au monde. Et puis ça prend du temps, parce que si on épile à la pince, c’est long, si c’est rasoir, c’est rapide mais il faut administrer tous les soins à la peau si on ne veut pas qu’elle tire. Et des poils rasés qui repoussent, il faut le dire c’est laid.

2/ Au cours de l’histoire
Les poils font partie intégrante de l’humain. Ils ont depuis longtemps posé question et sont le vestige de notre vie archaïque, du temps où l’Homme préhistorique, qui vivait nu, possédait sa propre protection pour supporter le froid. Les poils ont rarement été un critère de beauté. Il n’y a qu’à voir les peintures des siècles derniers où les personnages sont représentés sans poils. Mais les poils sont aussi une affaire de culture. Et oui ! Il existe des pays où les poils ont la cote, et d’autres où ils sont tabous.
Depuis les années 90, l’épilation est à la mode. Qu’elle soit d’ordre religieux, esthétique, érotique ou hygiénique, l’épilation, pratique universelle, est devenue une coutume courante. Mais pourquoi cette chasse au poils ?

Les exemples au cours de l’Histoire ne manquent pas pour montrer que la chasse aux poils est ancienne. Il semble que l’épilation soit d’origine égyptienne. En 1150 avant notre ère, les femmes du harem de Ramsès III étaient toutes épilées particulièrement au niveau des aisselles. Bien avant notre ère, les Chinoises s’arrachaient les sourcils pour les remplacer par un trait de crayon noir jugé plus gracieux. Les jeunes hommes de la bourgeoisie romaine aimaient avoir les jambes glabres, certains s’épilaient toutes les parties du corps. Les techniques en usage étaient la coquille de noix incandescente, pour que les poils repoussent plus doux ou l’utilisation de la résine. Ces techniques ont évolué au cours du temps et, au moyen âge, les croisés ont rapporté d’Afrique une cire naturelle qui bouleversa les pratiques et fit naître d’autres techniques. Les concoctions à base de sulfure naturel d’arsenic et de chaux vive, le sang de grenouilles ou de chauve-souris, la pince de bronze ou de la cendre mouillée de vinaigre font partie des moyens utilisés au cours de l’Histoire pour empêcher la repousse.

3/ Un poil, c’est quoi ?
On les traque, on les épile. Mais alors, que sont les poils, en quoi nous servent – ils ?
Les poils sont des phanères se présentant sous l’aspect de filaments cornés implantés obliquement dans le derme par invagination de l’épiderme. Les poils se composent donc d’une tige libre à la surface de la peau, ou poil proprement dit, et d’une partie invisible enchâssée dans le derme, la racine, dont l’extrémité en cupule (le bulbe) reçoit la papille vasculaire nourricière.
Le poil comporte des annexes : une glande sébacée, l’ensemble formant l’appareil pilo-sébacé ; le muscle érecteur, dont la contraction, sous l'influence du froid, d’une émotion, est à l’origine du phénomène de la "chair de poule". Grâce aux réseaux nerveux ramifiés entourant les follicules pileux, les poils participent aux sensations tactiles. Mais le rôle des poils ne se limite pas par là, ci-après sont énumère d’autres rôles.

Le refroidissement du corps : Ce n’est pas pour rien qu’aux endroits du corps les moins exposés à l’air, soit aux aisselles et à l’aine, se retrouve la plus forte densité de poils. Ceux-ci conservent plus longtemps la sueur pour permettre un refroidissement plus efficace. Les poils jouent le même rôle qu’un T-shirt pendant une canicule l’été. En absorbant la sueur, il ralentit l’évaporation et prévient ainsi la déshydratation.

La protection : Les poils protègent les parties génitales de la femme contre les coups et les irritations dus aux frottements. Les poils sur les jambes et les bras protègent aussi contre les irritations dues au frottement des vêtements.

La sensibilité : Les poils font partie intégrante du sens du toucher, ils ont des récepteurs tactiles adaptés à la douleur. Ainsi, c’est eux qui détectent la chaleur intense d’un objet en premier et déclenchent le réflexe de recul. Il vous est sûrement arrivé de brûler vos poils avec une allumette sans que votre peau ne le soit.
Comme les poils réagissent au froid avec leur muscle érecteur causant la chair de poule, ils sont sensibles aux variations de température. Ils jouent un rôle de thermomètre avertisseur du système nerveux autonome. Ils détectent plus rapidement et de manière plus précise le changement de température. Ces informations sont essentielles pour permettre au corps de réagir le plus rapidement possible à une variation brusque de la température pour maintenir sa température constante.
S’il fait très chaud le corps baisse son tonus musculaire, augmente le débit de la circulation sanguine aux extrémités et les glandes sudoripares font évaporer de l’eau. S’il fait froid, le corps augmente son tonus musculaire, provocant le frisson qui produit de la chaleur, la circulation sanguine diminue aux extrémités et les graisses sont utilisées pour produire de la chaleur.

La douceur de la peau : Comme chaque poil est relié à une glande sébacée, il sert à faire écouler l’huile vers la surface de la peau et à l’étendre. En effet, le muscle lisse, le muscle arrecteur du poil (M. arrector pili) qui se termine en dessous de l’épiderme. Il peut redresser le poil (horripilation « chaire de poule ») et comprimer la glande sébacée.
Les glandes sébacées, sécrètent le sébum (l’huile) qui lubrifie et assouplit la peau. C’est ce qui permet d’émollier la peau et ainsi obtenir une peau douce au toucher.

4/ Quelques témoignages
Pour terminer, je vous propose de voir les réactions que j’ai recueillis pour vous à la simple question « pour ou contre les torses poilus ? (Idem pour épaule et dos, cela afin de faire le tour de tout ou presque le haut du corps)
- Jean-Marc ( 37 ans ) « Pour, ca fait masculin »
- Gwenaëlle ( 27 ans ) « Contre ! C’est disgracieux, pas agréable à toucher et ca donne pas envie de poser sa tête sur le torse de son copain quand il y a trop de poils . »
- Julie ( 20 ans )« Contre. Pourquoi, même chose que Gwenaëlle, et je rajouterais pas de bisous non plus pour le dos et les épaules contre aussi pour les mêmes raisons »
- Nicolas ( 34 ans ) « Tout est histoire de goût ! perso, un dos et des épaules velues ne m’attirent pas du tout. En général, l’individu pourvu de cette pilosité aura forcement une belle peau de lapin sur le torse ! Etant adepte de l’épilation masculine, je vote naturellement contre, enfin ca sera fonction de la caractéristique du poil… »
- Djibril ( 24 ans )« Contre ! ! ! ! ! J’aime les peaux lisses, comme un bébé »
- Jeff-Marco ( 54 ans ) « Tout dépend du physique, de l’épaisseur…moi j’aime bien un peu mais dès que ca devient genre grizzly, beurk ! »
- Anaïs ( 25 ans ) « Moi je dis qu’un homme qui prend soin de lui c’est agréable ! Couper ou tondre des poils un peu trop présents ( sans forcement épiler ) c’est déjà bien. Et beaucoup de mes copines pensent pareillement. »
- Stéphane ( 30 ans ) « Etant moi même poilu, il ne faut pas que les poils soient trop longs…leur donner un coup de tondeuse de temps en temps »
- William ( 33 ans ) « Alors grande question. Moi, ma préférence va aux mecs poilus, étant déjà poilu. Mais je trouve beaucoup plus sexy qu’un torse imberbe même raser ou épiler. Dire qu’il y en a qui se torture pour ça ! Sinon après en ce qui concerne les autres zones, ben ca dépend. Si c’est grizzly ou juste un duvet. Puis on a moins froid avec »
- Alexis ( 20 ans )« Bah moi qui le suis, je complexe par rapport à ceux qui n’en n’ont pas. Je voudrais être glabre. Donc je suis contre ! »
- Maxandre ( 26 ans ) « Avec ou sans, cela ne me dérange pas. Le tout est que cela ne fasse pas singe »
- Marie-Christine ( 50 ans ) « Dos et épaules, contre. Torse par principe contre mais après, chez certains ça ne me gène pas. Si le mec est assez baraqué, s’il le porte bien, OK. Mais attention, pas une jungle non plus »
- Nicolas B. ( 29 ans ) « Dos et épaules, contre. Après, un mec qui a un torse poilu, ca dépend. Certains le portent bien et d’autres non »

Cette chasse au poils ou le refus de faire quoique se soit prouve bien la difficulté de certains hommes à se trouver dans cette société. Les hommes sont malmenés. Le modèle traditionnel s’est effondré, son système de valeurs ne correspondait plus au goût du jour. Et leur identité a volé en éclat. Au bord du gouffre, les médias les sommes de « cultiver leur part de féminité », et ils ne s’y retrouvent plus . Les hommes naviguent en aveugle.
Aujourd’hui, ils se transforment et accomplissent même un travail de complète réinvention, sous le regard de la société et de leur compagne. Bien loin de clichés qui les voudraient soit hyper féminisés ou qui les annonceraient en grande fanfare et tambours au retour du macho.
Cette nouvelle façon d’être « viril » doit intégrer des valeurs féminines sans pour autant renoncer aux fondements du masculin. Il faut à la fois retrouver une différence tout en étant complémentaire à la gente féminine. On peut être masculin, épiler ou raser, sans être macho. Aux hommes de relever le défi.

Article rédigé par Kevin Fortin

Pour me contacter : manager@gregory-capra.com

2 commentaires:

  1. Super article ! je ne pensai pas qu'on puisse disserter autant sur la question ! y compris sur l'aspect historique.

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  2. Dommage que sans photos ...

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