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Ours brun |
L'ours, dans l'imaginaire collectif, fait partie des animaux sauvages auxquels l'homme a été le plus confronté, au cours de l'histoire.
Suite à l'extermination de ce grand mammifère, sa réintroduction dans différents pays européens suscite autant d'engouement que de perplexité. Certains écologistes font une fixation pathologique sur l'ours dans les Pyrénées et sa réintroduction uniquement dans ce massif. Mais pourquoi ne le serait-il pas dans d'autres régions de France ? Les Alpes, par exemple.
Les Alpes ont connu l'ours, il n'y a pas si longtemps. Contrairement aux Pyrénées, il y a été totalement exterminé. Toutefois, il reste encore quelques traces de son passé qui laissent à penser qu'il n'était pas si apprécié que cela. Faisons le point.
L'ours a officiellement disparu des Alpes françaises en 1937. La chasse, le poison, le déboisement intensif des basses vallées, les aménagements militaires et la pression démographique du XIXème siècle ont fini par avoir raison de l'ours, plus tôt que dans les Pyrénées.
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Ours dans les Alpes italiennes |
Dans les Alpes italiennes, les premières tentatives de repeuplement virent le jour dans la région du Trentin : en 1960 et 1969 aux abords de la Val Genova, et en 1974 à Selva Piana, à proximité de la Valle dello Sporeggio. Mais ces mesures échouèrent. Vers les années quatre-vingt-dix, en effet, le massif de Brenta, dans la région du Trentin, ne comptait que trois ou quatre exemplaires.
Un nouvel effort de repeuplement a alors été entrepris dans ces régions en 1996, grâce au financement de l'UE dans le cadre du projet « Life Ursus ». Dix ours d'origine slovène ont ainsi été introduits de 1999 à 2002. Cette fois, la tentative a été couronnée de succès.
La population d'ours dans les Alpes centrales, dans la région du Trentin, est relativement réduite et isolée. Elle se compose actuellement de 52 à 63 individus. Il convient de mentionner également les ours présents dans la région frontalière entre le Frioul, la Carinthie et les Alpes slovènes, où l'on en dénombre une dizaine. Bien que ces chiffres témoignent d'une hausse considérable par rapport au passé, ce n'est qu'une goutte d'eau en comparaison avec le nombre d'ours recensés dans toute l'Union européenne, estimés entre 15 000 et 16 000 spécimens.
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Deux ours |
Un sujet de polémique concernant les ours est celui des dégâts, réels ou présumés, causés aux cultures et aux élevages. Il s'agit d'une question délicate qui est souvent instrumentalisée.
À titre d'exemple, il ressort d’une enquête réalisée par le BIRN (Réseau de journalisme d'investigation des Balkans) qu'en Macédoine, l'État a dû verser, au cours des cinq dernières années, plus de trois millions d'euros suite à des procédures judiciaires intentées par des éleveurs et des agriculteurs au motif de dommages causés par des ours.
Le problème de la présence de l'ours dans les Alpes réside essentiellement dans le rapport potentiellement conflictuel entre ce dernier et l'homme et ses activités. Si le niveau de tolérance chutait au-dessous d'un certain seuil, cette espèce pourrait disparaître à cause du braconnage.
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Ours dans le Trentin |
En Europe, la présence de l'ours est gérée de façon très diverse. L’Europe peut être divisée en deux blocs. D'abord un bloc "occidental" comprenant le Trentin, les Abruzzes, les Pyrénées et les Asturies, où les populations d'ours sont réduites et isolées. Toute la gestion y est axée sur leur conservation, ce qui inclut les compensations, la prévention des dommages et les activités de surveillance. On ne tire sur les ours que dans des cas extrêmes, lorsqu'il y a danger. Dans l'autre bloc, qui englobe l'ensemble de l’Europe de l'Est et la Scandinavie, la gestion repose sur la chasse à l'ours, qui constitue une véritable activité commerciale. Là où la chasse est autorisée, les ours font l'objet d'une plus grande acceptation pour deux raisons. D'une part, parce qu'ils peuplent des régions peu habitées, ce qui permet de les contrôler beaucoup plus facilement. D'autre part, ils ont toujours fait partie de cet habitat, donc ils n'inspirent aucune crainte à la population locale, qui les considère comme une attraction touristique.
Pour le moment, en France, l'aspect touristique n'entre toujours pas en
ligne de compte et l'ours est plutôt perçu comme une nuisance. Dans nos régions,
le nombre d'ours est limité et le simple fait de tirer sur un seul exemplaire
représente un grand problème, car cela a une incidence sur la capacité de
reproduction de l'espèce. Ce n'est qu'en tout dernier ressort qu'un ours peut
être abattu.
En conclusion, la présence de l’ours dans les Alpes françaises reste un phénomène anecdotique et difficile à envisager dan un futur proche. Mais il nous reste les ours en « peluche » !