Grégory - Nice - Sportif Capra Cette discipline décalée du golf n’a en commun que la balle et le driver. En effet, il faut vous préparer à frapper 6 balles en 2 minutes 45 et que l’une d’entre elles (au moins) repose sur la piste le plus loin possible. Les enceintes vous crachent de la musique électro, les spectateurs hurlent leurs encouragements ou vous chambrent gentiment avec véhémence, les photographes font crépiter leur flashes dans vos yeux et il y a ce cameraman planté droit dans votre ligne de tir…on est loin de l’ambiance feutrée des club-houses….Accrochez-vous à vos drive (par Kevin Fortin)
Le long drive, du golf bodybuildé. Oubliez la finesse, le petit jeu, le respect du parcours, le club house… il s’agit de cogner…et fort, dans la balle.
Long drive vous avez dit ? Commençons déjà par donner aux néophytes la définition d’un drive. Un drive c’est un coup joué avec un driver (club le plus puissant), le plus généralement au départ d’un trou où le compétiteur lâche généralement les chevaux pour parcourir le plus de distance.
C’est une discipline golfique à part entière qui consiste en un concours où le seul objectif est d’aller le plus loin possible, et surtout, plus loin que son adversaire. Comme dans un tableau de tennis, en effet, les joueurs s’affrontent par partie de deux et passent des tours jusqu’à la grande finale entre les deux meilleurs.
Le principe est le suivant lors d’une grande compétition comme le championnat du monde : chaque joueur, dont la longueur de manche du driver ne peut pas excéder 122cm (la surface de tête de club étant limitée à 460cm2), a six balles en sa possession, la plus lointaine étant retenue sachant qu’elle doit impérativement atterrir dans une zone limitée, parfois largement dévolue à la publicité.
A Mesquite, la Mecque du long drive, il est clair que nous sommes loin de l’ambiance souvent feutrée des club-houses et des tournois de golf traditionnels où le public est contraint au silence. Dans l’univers du long drive, chaque spectateur peut s’exprimer s’il en a envie, les enceintes crachent souvent de la musique pendant le jeu («Orange crush» de REM en est l’un des tubes préférés) et il n’est pas question de faire preuve de retenue dans aucun domaine à l’image du message d’accueil du site Internet des longs drivers de France:
«Bienvenue sur le site des « gros malades, des chataîgneurs, des tueurs de balles, des canonniers fous furieux...»
En 2010, pour la première fois dans l’histoire du championnat du monde, un Européen, le Britannique Joe Miller, a damé le pion aux Nord-Américains, les vrais spécialistes de ce sport apprécié de la télévision aux Etats-Unis au point qu’ESPN, la chaîne sportive américaine, réserve, chaque année, une partie de son antenne, le jour de Noël, au championnat du monde qu’elle diffuse en différé. Comme nombre de ses confrères du long drive, Joe Miller est très un beau bébé d’1,95m pour 125 kilos. Des kilos de muscles pour la plupart en ce qui le concerne puisque Miller travaille dans une salle de gymnastique, même si le chèque de 150.000 dollars qu’il a encaissé à Mesquite doit lui permettre d’envisager sa vie professionnelle d’un jour nouveau.
Lors de sa victoire, la meilleure marque de Miller a été de 378 m. Ce qui le laisse assez loin du record du monde, contesté par certains, de l’Américain Mike Dobbyn, champion du monde en 2007, qui a expédié un jour une balle à… 503 m. A côté de Dobbyn, sorte de Hulk qui mesure 2,07 m et accuse 136 kg sur la balance, Miller est un gringalet.
Au long drive, tout est question d’énergie, il est vrai. Lors du dernier championnat du monde, Joe Miller, Jamie Sadlowski, le Canadien consacré en 2008 et 2009, et le Sud-Africain Ryan Louw ont tous les trois imprimé à leur balle une vitesse d’au moins 360 km/h quand les professionnels du PGA Tour atteignent rarement des vitesses de 300 km/h. La vitesse du swing de nos trois artificiers a oscillé, elle, entre 236 et 241 km/h. Il est admis qu’un amateur ne dépasse pas souvent les 160 km/h.
Au long drive, il y a les frappeurs purs et durs comme Dobbyn, à qui il est arrivé de taper 1.000 balles par jour à l’entraînement, et les swingueurs comme Sadlowski qui n’est pas une force de la nature avec son 1,81 m et ses 75 kg mais est capable de générer de la puissance et d’obtenir de la distance grâce à des qualités de flexibilité et de souplesse au niveau de son dos, de ses épaules et de ses mains.
Tous les joueurs du dimanche le savent : frapper comme un sourd n’a jamais fait le bon joueur de golf (pas plus que les kilos de muscles si l’on en juge par les rondeurs affichées par de nombreux champions). Il n’en reste pas moins que réussir à envoyer sa balle le plus loin possible reste une obsession pour tout pratiquant de cette discipline. Il est d’ailleurs facile de constater que chez l’amateur, le petit jeu (approches, putting…) est bien plus faible que le grand jeu comme si les joueurs, à l’image de ce monde des longs drivers tellement fascinant, tiraient l’essentiel de leur plaisir dans cette décharge d’adrénaline et de puissance que procure notamment un coup de départ. Dans le dernier numéro de Golf Magazine, Benoît Teilleria, ancien joueur français du circuit européen, livre cette anecdote symptomatique vécue lors d’un pro-am:
«J’étais avec un amateur très tendu au départ, les mâchoires verrouillées, impossible de lui arracher un mot. A son deuxième coup, il joue avec une telle violence qu’il enfonce la balle dans le sol à l’impact. Mais comme il avait touché la balle, il lève la tête et la cherche dans les airs. Grand moment de solitude pour ce monsieur que la situation n’a pas fait rire du tout, au contraire du reste de l’équipe.»
En raison de cette addiction des joueurs à la puissance, qui intéresse les fabricants toujours soucieux de fournir les «armes de guerre» les plus lourdes et les plus perfectionnées, le long drive, encore peu connu en France, mais très développé en Scandinavie, a peut-être de beaux jours devant lui. Le record de France reste la propriété de Yvan Tchéménian , président fondateur de l’association des longs drivers de France, avec une distance de 386 m. Association dont le slogan est «Go long or go home!» ( pas besoin de traduire)
Car l’humour est partie intégrante de l’univers de ces joueurs d’un autre genre à la lueur des sobriquets qui accompagnent les noms des meilleurs de la disciplines comme Joe «killer» Miller, Sean «the beast» Fister ou Jason «golfzilla» Zuback. Reste à savoir quel surnom portera le nouveau prodige du long drive, le Californien Domenic Mazza, finaliste du dernier championnat du monde à seulement 16 ans…
En France, on a aussi un bon poulain, Eric Houballah. C’est un français qui a fini septième au championnat d’Europe de Long Drive avec un drive de 352,4 m et il est qualifié pour les championnats du monde. C'est un champion en pleine progression et sa préparation est hallucinante et très professionnelle......
Alors tous à vos chaussures et drive et tapez comme un sourd, un bourrin dans la balle pour qu’elle vole le plus loin possible jusqu'à sa destinée.
Article rédigé par Kevin Fortin
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