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Edwin au départ de l'ironman d'Embrun |
Levé le matin à 4h00, je ne me sens pas stressé. Petit-déjeuner copieux et derniers préparatifs, je prends la route pour Embrun à 4h30.
Une fois là-bas, je rejoins la cohue des 1500 participants pour déposer mon vélo et mes affaires nécessaires aux transitions dans le parc.
J’enfile ma combinaison de natation, mes lunettes et le bonnet de l’organisation et me dirige avec mes 1499 frères d’armes aux barrières qui nous séparent de la ligne de départ.
Le speaker nous annonce une eau à 21° mais ce n’est pas trop ce qui m’intéresse. J’essaie de repérer la première bouée jaune afin de me positionner au mieux.
Les femmes sont parties en avance de 10 minutes et les barrières s’ouvrent pour nous laisser accéder à la ligne de départ. Ca joue des coudes pour gagner quelques places.
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Départ de la natation |
Pan ! Coup de feu. Il est 6h00. C’est parti pour 3800 mètres de natation dans le Lac de Serre-Ponçon. Ca court de partout, chacun essaie de prendre le plus de vitesse pour faire une entrée dans l’eau efficace. Mes premiers 300 mètres sont un supplice. Pourtant sans stress depuis les prémisses de ce challenge, je me mets à hyper-ventiler, je suffoque comme si je n’avais jamais nagé de ma vie. Impossible de caler ma nage, même sur un simple 2 temps.
C’est seulement au bout de ces 300 premiers mètres que je vais enfin réussir à nager correctement mais avec un point de côté, et ce, durant tout le premier tour (2 tours au total). Pas de bol. Certains participants me grimpent dessus, tapent leurs mains sur mes mollets, d’autres me mettent des coups au visage. Un bordel monstre. Heureusement, mes lunettes n’ont pas pris l’eau une seule fois. Plusieurs fois, je crois apercevoir une bouée qui s’avère être en fait un bonnet de bain jaune. Un participant a pris la liberté de ne pas mettre le bonnet de l’organisation, j’ai eu envie de le noyer.
Lors du deuxième tour, je déroule, je me surprends même à accélérer parfois et à passer sur du 3 temps.
A la fin du parcours natation, je passe la borne en 59 minutes (j’avais tablé sur 1h00 de natation). Je suis satisfait même si je sens en même en moi une certaine frustration car j’ai le sentiment que j’aurais pu mieux faire sur cette première épreuve. En effet, j’ai nagé tout le long aux extérieurs sans aucun nageur pour m’ouvrir la route mais me place tout de même 99° sur 1500.
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Transition natation / vélo |
Je rentre dans le parc pour me préparer pour l’épreuve de vélo. Ni trop lente, ni trop rapide, ma transition me sert à me sécher, m’alimenter, me réhydrater et m’équiper pour le vélo. Et c’est parti pour une longue galère.
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Ascension du col de l'Izoard |
Mon pronostic étant de 8h30, je vais très vite me rendre compte de mon manque d’expérience dans le domaine du cyclisme. Je me suis surestimé sur mes capacités face à cette topographie hors du commun, comparée aux bosses de ma Normandie.
Dès le premier col, des centaines de participants m’ont déjà doublé. Mais mon moral n’étant pas atteint, je fais mon petit bout de chemin avec mes capacités.
Malheureusement, dès 50 kilomètres, mes quadriceps crampent déjà. Ce qui annonce un moment très difficile pour le col le plus dur du parcours, le col de l’Izoard, culminant à 2360 mètres.
Durant l’ascension, impossible de me mettre en danseuse. Mes muscles se contractaient tout seuls et j’avais le droit à une douleur atroce.
Mais je tiens bon car après la montée, la descente est mienne.
J’en profite pour relâcher mes jambes et admirer ce paysage magnifique avant de ré-attaquer d’autres cols. Certes moins durs, mais cols quand même.
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Ravitaillement en haut du col |
Il fait 30° mais je m’hydrate bien et m’alimente bien, la chaleur ne m'est pas insupportable. Les spectateurs sont au rendez-vous et nous encouragent à mon passage.
Je perds cependant des gourdes à cause des nids de poule mais les ravitaillements étant suffisants, je ne suis jamais à sec.
J’attaque le dernier col, celui de Chalvet, où je suis à la limite de craquer mentalement et de pleurer. Je repense à ceux qui m’ont soutenu et encouragé durant ce challenge et je repars de plus belle. Une fois en haut du col, je sais qu’il ne me reste plus que 4 kilomètres à descendre avant de déposer le vélo. Je suis euphorique, je crie, je rigole tout seul, je salue toutes les personnes qui m’encouragent en arrivant au parc. J’en ai fini avec ce vélo de merde.
Il m’aurait fallu 9h11 pour terminer cette épreuve, j’y ai perdu beaucoup d’énergie, mes muscles sont traumatisés et je me suis fait doubler par 1000 participants. J’ai eu envie d’abandonner des dizaines de fois mais j’y suis arrivé. Place au marathon qui s’annonce difficile.
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Transition vélo/course à pied |
Dans le parc, j’y dispose mon vélo et me change pour attaquer la première boucle de 21 km. Un masseur me propose de masser mes quadriceps complètement endoloris du vélo. Une fois debout et prêt à partir, la douleur est si intense que je souhaite abandonner. Heureusement, je croise mes amis venus m’encourager qui me redonnent de la force pour partir. Sur ce parcours, les spectateurs sont partout. Criant des encouragements, tapant dans mes mains, faisant la ola à mon passage. C’est surtout lors de cette épreuve que je m’aperçois de la folie que j’ai eu de faire cet ironMan. Pour les spectateurs, je suis un malade, un super-héros, une machine que d’avoir fait ça.
Mais je n’en ai toujours pas fini, il me reste encore une boucle de 21 km à faire. Je n’arrive plus à courir, je marche et chaque pas est un supplice. Crampes, douleurs, courbatures sont mes meilleures amies durant ce dernier semi-marathon. Certains craquent physiquement, les pompiers sont tous les 2 km. Certains vomissent leurs tripes aux ravitaillements. D’autres craquent mentalement, j’en ai vu pleurer. Sur ce parcours, je suis entouré d’autres participants mais je suis seul avec moi-même et mes démons qui me disent d’abandonner... Jamais !
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A 3 km de l'arrivée |
A 3 km de l’arrivée, les spectateurs sont des milliers. Il n’y a pas un mètre carré qui ne soit pas pris le long du chemin menant à la victoire personnelle.
Des tapes dans le dos, des bravos, des applaudissements sans discontinuer me font oublier mes crampes aux jambes et c’est l’euphorie de la fin, le sentiment d’accomplissement qui m’envahit. Ca y est, m’y voilà, dernier virage, je suis sur le tapis bleu, les gens m’applaudissent comme une rock star, je cours comme tous les concurrents même si j’ai marché près de 15 km accumulés sur ce marathon. Main dans la main avec ma chérie, je passe la ligne d’arrivée en entendant le speaker dire que c’est pour moi le premier triathlon de ma vie, et quel triathlon.... Un marathon long de 5h50 !
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Edwin à l'arrivée |
Au final, après 16h20 de course sans arrêt, je me place à la 1082° place sur 1500 au départ, je suis plutôt fier de moi, même si mon objectif de 14h00 n’est pas atteint. Je relativise. Je n’ai pas chuté, pas vomi, pas eu faim, pas eu de maux de ventre ni de maux de tête et pas été déshydraté.
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Edwin et Julian |
C’est une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier. Le corps est soumis à de dures épreuves, le mental joue une part importante de la réussite de cet exploit. Les spectateurs sont extraordinairement encourageants.
L’ironMan d’Embrun est réputé pour être l’un des triathlons longue distance le plus dur du monde. Peut-être qu’un jour j’aurai location de comparer avec d’autres. En attendant, une chose est sûre, c’est que celui-ci, je l’ai fait ! Je suis un Finisher de l’EmbrunMan 2013.
Merci à tous de m'avoir suivi. Merci à ceux qui m'ont soutenu !
Edwin - Rouen - Coach Capra