Poésie française, un des plus beaux programmes que j'ai vus Le ballet sur glace est un art, un loisir ou encore un sport de glisse pratiqué de diverses façons un peu partout dans le monde, surtout là où le patinage artistique traditionnel est bien installé. Contrairement à ce sport olympique, le ballet sur glace ne se centre pas sur l’aspect athlétique du patinage mais bien sur son potentiel théâtral et artistique. Kevin Fortin vous embarque au cœur du ballet champion du Monde à Boston en 2011, le ballet Elite de Villard-de-Lans.
1/ Sa présence en France
Voyons en premier où en est sa présence en France. Le ballet sur glace est une des nombreuses disciplines existant dans les sports de glace organisés en France. Le ballet sur glace est à la fois un sport et un spectacle. Il mêle l’expression à la performance technique ce qui en fait une discipline très complète.
Le ballet sur glace est reconnu par les instances fédérales et est une discipline à part entière. C’est une transcription dans un espace de thèmes, d’arguments ou d’un texte musical lié à celui-ci, qui est laissé au choix du chorégraphe. Sa qualité est d’autant plus grande que musique, thème et chorégraphie sont cohérents et donnent une impression d’harmonie et d’équilibre créatrice d’émotion. Le ballet doit donc s’adapter à la dynamique propre aux sports de glace (qualité de la glisse, sûreté des carres, vitesse, aisance et beauté des mouvements). Il doit également rechercher des placements, un traitement des groupes et de la variété dans les éléments spécifiques du patinage. Il n’y pas de limitation au nombre des éléments de patinage artistique, de danse sur glace ou de patinage synchronisé proposé par le chorégraphe.
Le ballet sur glace a ses propres compétitions nationales et internationales reconnues par les instances fédérales (exemples : la Griffe d’Argent, le Trophée International d’Occitanie, le Trophée International des Aigles, la Coupe des Ducs de Savoie, la Coupe Internationale de Ballet sur Glace d’Asnières, etc.). Chaque année, sont organisés les Championnats de France qui terminent une saison sportive riche en événements.
Les compétitions de ballet sur glace ont pour objet, dans un esprit sportif et de coopération universelle, de révéler et de mettre en valeur les ballets de qualité, en vue de servir l’évolution des sports et des arts patinés et de les développer dans le monde.
C’est donc une discipline avec une identité bien affirmée avec ses règlements nationaux et internationaux.
Même si la discipline rencontre un essor important au niveau international, elle n’est pas encore reconnue par l’ISU. Ce n’est pas une discipline olympique. Le ballet sur glace gagne à être connu car il développe un esprit d’équipe et allie des performances techniques et artistiques. Néanmoins, 2010 est l’année d’un tournant important. En effet, la France a été la première a mettre en place la première Nations Cup (Championnats du monde) à Toulouse-Blagnac. C’est un nouveau tournant que prend cette discipline énergique. Ce succès permet déjà de planifier la deuxième Nations Cup qui se déroulera aux USA en Avril 2011 à Hyannis Cap Cod.
2/ Les catégories
Le ballet se divise en plusieurs catégories. Il se pratique en équipes de 8 patineurs minimum à 30 maximum. Les équipées sont distinguées en cinq catégories différentes :
- la catégorie « adulte »,
- la catégorie « open »,
- la catégorie « novice » (anciennement appelée "jeunes espoirs"),
- la catégorie « junior » (anciennement appelée "espoirs"),
- la catégorie « senior » »(anciennement appelée "élite").
Deux programmes constituent une compétition de ballet sur glace :
- le « ballet libre »,
- « l’exercice chorégraphique» (créé en France).
Pour résumer, nous pouvons donc dire qu’un ballet sur glace est une transcription dans l’espace et la durée, de thèmes, d’arguments ou d’un texte musical liés à celui-ci, qui est laissé au choix de l’entraîneur et du chorégraphe.
Il appartient aux juges d’apprécier d’éventuels abus, ainsi que leur corrélation musicale et thématique.
Benjamin Lezé : au fond à gauche, chatain Pierre-Loup Bouquet : au fond, blond, barraqué
Léa Bédreddine : à droite, en top rose
Afin de mieux comprendre, entrons dans un ballet et j’ai l’honneur de vous présenter le ballet Elite de Villard de Lans, champion du monde à Boston en 2011. Certains de ses membres ont accepté de répondre pour vous à quelques questions. Je vous présente donc
- Léa Bédreddine, 18 ans, 12 années de pratique du patinage et 6 ans d’appartenance au ballet - Palmarès récent : Patineuse solo vermeil
- Benjamin Lézé, 21 ans, 14 années de pratique du patinage et 4 ans d’appartenance au ballet - Palmarès récent : Champion de France et champion du monde (Ballet) 2011,
- Pierre Loup Bouquet, 24 ans, 16 années de pratique du patinage, il appartient au ballet depuis sa création à Villard-de-Lans - Palmarès récent : en 2011, Champion du monde de Ballet à Boston et Champion de France.
Tous les ballets de Villard sont entraînés et chorégraphiés par Karine Arribert.
Les présentations faites venons en à la pratique sportive.
KF : « Quelle est la différence entre troupe et ballet ? »
LB : « Hmm.. Une troupe fait des tournées tandis qu’un ballet fait des compétitions et quelques galas »
BL : « L’originalité, le niveau (technique, chorégraphique, engagement) … »
PLB : « heu… troupe ça fait penser à des comédiens ou des militaires… nous on part pas à la guerre, on fait des compétitions de ballet on est une équipe ! En France la majorité des ballets sont plutôt tournés vers le concept chorégraphique et non pas vers le spectacle ou la reproduction d’une scène de film comme les équipes américaines le font. On essaie de faire tendre la discipline vers cette vision du ballet, une musique , une équipe, une danse ! L’appellation troupe va à mon sens à l’encontre de cette idée.»
KF : « Savez-vous d’où est venue l’idée de former un ballet ? »
PLB : « Ça faut le demander à la créatrice du ballet de Villard : Karine Arribert. Mais je crois qu’à Villard c’était l’envie de faire une discipline en commun où, à la base, tout le monde peut faire partie de l’équipe, petits, grands, bons et moins bons. La synchro est un peu trop rigide à mon goût ce n’était pas vraiment l’état d’esprit du club »
BL : « Il faut demander à l’entraîneur »
LB : « A Villard, le ballet à commencé avec le groupe des loisirs qui ne souhaitaient pas ou plus faire de la compétition solo mais qui souhaitaient s’orienter vers quelque chose de différent. Des compétiteurs se sont greffés au groupe car le nombre de membres du ballet était insuffisant, puis le ballet a évolué »
KF : « Quelle est la particularité de cette discipline propre au patinage ? »
BL : « C’est la discipline de la danse et de la chorégraphie, elle laisse libre cours à tout les univers de la danse, et à cela s’ajoute un esprit d’équipe indispensable et appréciable »
PLB : « Elle privilégie la danse par-dessus tout et elle n’est pas encore régie par des tonnes de règlements qui brident la discipline… on est libre de faire ce qu’on veut … ou presque ! »
LB : « C’est une discipline très expressive. Le contact avec les autres sur la glace est unique et le ballet est un sport plus ouvert que les autres sport de glace. Il y a plus de diversité et de richesses : il n’y a pas vraiment de « moule » auquel tout le monde doit se conformer »
KF : « Nombre minimum et maximum de membres ? »
LB : « Hum, 9 et 30, il me semble »
PLB : « J’en sais rien entre 10 et 40, me semble t-il »
BL : « 10 mini et 30 maxi »
Apatrides, programme avec lequel le Ballet Elite fut champion à Boston KF : « Quel est le niveau requis pour appartenir à un ballet ? Comment en vient-on à entrer dans un ballet ? Sur quels critères est-on sélectionné ? Comment un(e) jeune qui veut entrer dans un ballet doit-il s’y prendre ? Doit-il/elle se faire remarquer, par quel moyen ? »
LB : « Niveau requis pour appartenir à un ballet ? Heu, je sais pas trop ! Critères , sur le niveau de patinage, l’envie, l’ambition, le travail et la motivation. Pour entrer dans le ballet, contacter Karine. Il n’y a pas de moyens chaque cas est différent… Par des tests »
BL : « Niveau requis pour appartenir à un ballet ? Il faut un niveau technique minimum, mais la qualité principale est l’envie et la motivation. On entre dans un ballet pour plein de raisons, pour ma part, cela m’apportait une complémentarité avec la danse sur glace que je pratiquais à haut niveau. Et lorsque j’ai arrêté le haut niveau, j’ai continué le ballet pour le côté chorégraphique et l’esprit d’équipe : du patinage sans la prise de tête du haut niveau.
Pour les critères voir avec l’entraîneur, mais comme je l’ai dit précédemment il y a des critères techniques mais c’est surtout la motivation et l’engagement qui prime ! Pour entrer dans un ballet, il lui suffit juste de chercher une équipe qui le ou la motive et qui soit accessible pour lui (elle) aussi bien techniquement que géographiquement »
PLB : « Niveau requis pour appartenir à un ballet ? A la base c’était tout le monde maintenant qu’il y a d’importantes compétitions et de l’enjeu, il faut un niveau relativement homogène dans une équipe. Je ne peux pas donner de niveau précis. La plupart des membres du ballet sont issus du club donc ce sont des patineurs que l’on connaît et que l’on sait capable de tenir l’engagement d’une saison. Car il ne suffit pas d’être bons pour rentrer dans l’équipe il faut être présent tout au long de l’année et se rendre disponible pour les entraînements. Les patineurs venant de l’extérieur sont les bienvenus évidemment, ils font un entraînement et de là c’est l’entraîneur chorégraphe qui décide.
Les critères, l’âge, le niveau technique, le sens artistique, l’esprit d’équipe et la motivation évidemment. Pour faire partie d’un ballet, le mieux c’est de contacter l’entraîneur dans un premier temps, puis faire un entraînement pour vraiment savoir de quoi il s’agit, si l’ensemble des conditions sont réunies c’est très simple. Et à la question doit-il/elle se faire remarquer, par quel moyen… je te dirais non pas vraiment… »
KF : « Quels sont les différents niveaux de ballet (junior, Elite…) (classe d’âge mini et maxi par catégorie de ballet) ? »
LB : « Novice, junior et Elite. C’est par ordre croissant. L’âge des catégories est justement en questionnement. Le niveau compte aussi »
PLB : « Ça j’en sais rien… faut regarder sur les nouvelles règles de la discipline, ça a pas mal évolué ces derniers temps »
BL : « Voir l’entraîneur, je ne pourrais dire »
Comme pour chaque troupe, je pensais qu’un ballet comme une équipe avait un chef, un leader, d’où la question qui suit « Y-a-t-il un meneur/un leader ? Si oui qui et pourquoi ? » et là j’avoue avoir eu des réponses partagée.
Honneur aux filles…
LB : « Oui je pense. Nous sommes tous plus ou moins leader dans un domaine précis. Certains s’imposent plus que d’autres, mais cela vient assez naturellement. Nous n’avons jamais voté pour élire un ou une meneuse ! »
Aux garçons maintenant…
BL : « Dans certaine équipe, il y a un leader, mais à Villard, dans l’équipe Elite, il n’y a pas de leader, chacun est à égalité et chacun apporte à l’équipe ce qu’il a de mieux : motivation, médiation, technique, mémorisation, organisation, costume, chorégraphie, expression, maquillage, etc. … »
PLB : « Pas vraiment, on définit plus ou moins un capitaine d’équipe principalement pour avoir un responsable à allez voir en cas de problème »
Maintenant, voyons un peu en pratique comment se déroule un entraînement ou le nombre d’heure par jour/semaine/mois qui y est consacré ?
PLB : « Tout dépend de la période à laquelle nous sommes, la majeure partie de la saison nous montons les programmes et nous travaillons par partie et par groupes. En approche des compétitions il s’agit d’avantage de faire et refaire les programmes en plein en travaillant l’émotion et le rendu global du programme.
Pendant la saison… 2 heures/semaine pour le ballet, je ne parle pas des heures d’entraînement individuel de chacun. A l’approche des grands rendez-vous, tous les jours 1h30 au petit matin »
LB : « Echauffement, montage, modification, perfectionnement puis programmes en entier. Tout dépend de la période de l’année. En période de compétition, tous les jours (ou presque). Les entraînements durent en moyenne 1h30 mais nous avons tous des emplois du temps différents alors c’est modulable.. »
KF : « Combien de temps dure une prestation en compétition ? Y-a-t-il différents temps à l’intérieur d’une même prestation ? (des composantes à faire avant les 3 premières minutes et les 45 secondes restantes autre chose) »
LB : « Programme court : 2min30. Programme long : 6min30 »
BL : « 2mn30 pour le programme cours et 6mn pour le programme long. Différents temps, non, il y a des éléments qui rapportent plus de points mais on est libre de les placer où l’on veut dans la chorégraphie. Quant aux principes de notation, voir avec entraîneur »
PLB : « Le short 3min et le long 6min. Pas que je sache mais il faudrait se pencher sur les règlements pour ça »
Chaque ballet fonctionne sur une musique, un programme, avec un thème et des costumes. Comme vous pouvez le constater je n’ai pu résister à l’envie de savoir qui choisit, ou impose car j’ai eu plusieurs fois l’occasion de voir des thèmes et des choix de costumes particuliers.
KF : « Qui choisit les costumes, la musique ? Comment choisit-on un thème (envie, rapport à l’actualité…) et combien de temps le garde t-on ? »
BL : « L’entraîneur. Ici donc Karine. »
LB : « Karine »
PLB : « Faut demander à Karine c’est elle qui à l’inspiration ! Je sais que le programme de l’an dernier « Résistance » avec le chant des partisans et une musique des Rita Mitsouko était un hommage à la résistance dans le Vercors pendant la seconde guerre mondiale… mais de là à vous dire comment elle à eu cette idée !!! Nous changeons de programmes tous les ans »
KF : « Pour satisfaire ma curiosité , qui eu l’idée d’un balai sans musique et d’un à un patin ? »
LB : « (Rire) Karine »
BL : « Toujours l’entraîneur, l’originalité du ballet de Villard c’est l’originalité de Karine Arribert, et nous adhérons toujours à 200%. »
PLB : « Karine évidemment ! »
Pour conclure, je tiens à remercier Pierre-Loup, Benjamin et Léa qui eux m’ont accordé de leur temps pour me répondre, Mme Chabert Arlette qui a bien joué son rôle d’intermédiaire et m’a permis de rentrer en contact avec certains membres.
Cependant, initialement, il était prévu de le faire avec au moins 6 à 8 membres, mais hélas seulement 3 ont accepté de participer. Dommage pour les autres de ne pas avoir saisi l’occasion de s’exprimer sur une discipline dont on parle peu !
Merci également à E.Donnard pour m’avoir confié ces photos.
Pour contacter Kevin : manager@gregory-capra.com