Lanceuse de poids |
Le Parlement a récemment commencé l'examen d'un projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Cette actualité me donne aujourd'hui l'occasion d'aborder ce sujet sous l'angle sportif.
De nombreuses études montrent que le sport reste l'un des domaines dans lequel les inégalités entre hommes et femmes persistent. Cette dissociation entre les sexes est-elle inéluctable ? Ne résulte-t-elle pas plutôt d'une construction sociale ou d'un héritage culturel ?
Equipe de France féminine de hand-ball |
Sport et masculinité semble être associés de longue date. Sous l'Antiquité grecque, le sport permettait notamment d'entretenir le guerrier, de prouver sa force, de montrer sa combativité. Plus récemment, au 19e siècle, le sport contribuait à valoriser la force de travail de l'être humain, en entretenant la santé physique de l'homme (du travailleur manuel surtout). Pour les sociologues, le football incarnerait ainsi l'image de la solidarité forgée dans les luttes de la classe ouvrière et expliquerait le succès mondial de ce sport. D'un autre côté, parce qu'associé au « masculin » et à l'« ouvrier », il serait la cause du désintérêt des femmes pour le football.
Si le sport et la « virilité » vont de pair, pourquoi les femmes n'en sont-elles pas restées à l'écart ? Comment sont-elles parvenues à se faire une place ? Cet accès des femmes au sport, très récent, est le fruit d'une série de résistances et de conquêtes.
Il résulte de résistances à l'apprentissage des rôles masculins et féminins tout d'abord, inculqué dès l'école et dans les mouvements d'éducation. Le milieu scolaire encourageait en effet les enfants, dès leur plus jeune âge, à se conformer à leur sexe et les décourageait lorsqu'ils s'engageaient dans des activités assignées au sexe opposé. Les exercices physiques y étaient prioritairement définis comme des activités masculines, véhiculant des valeurs telles que la compétition, l'effort et l'endurance. Cette répartition des rôles, entre « sport de filles » et « sport de garçons », est encore très présente à l'école. Elle est conservée à l'heure actuelle dans certaines épreuves olympiques : l'épreuve de lutte libre (assimilée au combat) est exclusivement réservée aux hommes ; la GRS et la natation synchronisée (considérées comme de la danse) aux femmes.
N'oublions pas par ailleurs que dans les établissements scolaires, le cours d'éducation physique reste la seule discipline à ne pas pratiquer la mixité.
Le sport, perçu comme un instrument de conquêtes, a également permis aux femmes de s'approprier leur corps, de bénéficier d'espace de libertés de mouvement et d'expression. Désormais organisées depuis la première Conférence mondiale sur les femmes et le sport, qui s'est réunie à Brighton en 1994, les femmes revendiquent l'équité et l'égalité dans la société et le sport. La Déclaration de Brighton, publiée lors de la conférence, réclame notamment la mise en place de politiques destinées à encourager les femmes à pratiquer un sport.
Hopman Cup |
Alors, même s'il reste beaucoup de progrès à faire, que de chemin parcouru depuis cette phrase, prononcée en 1912 par Pierre de Coubertin,père fondateur des Jeux Olympiques de l'ère moderne : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ».
Et que dirait-il s'il voyait la France, remporter le 4 janvier 2014, pour la première fois de son histoire, la Hopman Cup, compétition de tennis par équipes mixtes ?
Pour me contacter : manager@gregory-capra.com
Pierre de Coubertin était un adorateur du corps masculin; les corps de femmes ne l'intéressaient pas.
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