La bigorexie est une conduite addictive liée au sport. Une personne qui en souffre affirme ne plus pouvoir se passer de sport, et se sentir mal si elle est obligée de ne pas pratiquer.
1. Bigorexie : quelle est l'explication de ce symptôme compulsif ?
La bigorexie peut toucher les sportifs amateurs comme les professionnels. Alors, comment se rendre compte si une personne qui pratique un sport intensif est à un stade de compulsion ?
On pourrait l'expliquer de manière chimique : le sport entraîne une libération d'endorphines, source d'un bien-être physique. Ce bien-être physique est naturellement recherché, et ces endorphines, ayant une grande similitude biochimique avec des produits tels que la morphine, déclenchent le désir de rechercher sans cesse cette sensation agréable, jusqu'à une tendance compulsive.
Mais cela ne peut suffire pour tout expliquer. En effet, toutes les personnes pratiquant un sport de manière intensive sont soumises à l'action de ces endorphines, sans pour autant en arriver à l'addiction. Il est d'ailleurs notable que si la bigorexie existe chez les sportifs de haut niveau, elle n'est absolument pas le fait de tous les sportifs professionnels. Et elle se retrouve aussi chez des sportifs amateurs. Une autre origine de cette bigorexie est psychologique. Ce versant de cette conduite addictive ne contredit nullement l'origine biochimique, mais la complète. Les personnes qui pratiquent le sport de manière addictive, pourraient agir ainsi pour augmenter leur estime d'elles-mêmes. Elles prennent conscience de leurs capacités physiques, de leur endurance. D'autre part, les sportifs atteints peuvent aussi en arriver à cette addiction parce qu'ils comblent un vide affectif par la pratique sportive. Et puis, le versant de l'esthétique corporelle prend une place importante. Certains sportifs compulsifs ont une piètre vision esthétique d'eux-mêmes et chercheraient à modifier leur apparence corporelle, angoissés par le jugement négatif qu'ils portent sur leur corps, ou par celui qu'ils imaginent porté sur eux par leur entourage. Alors, comment se rendre compte si une personne qui pratique un sport intensif est à un stade de compulsion ?
Ce n'est pas forcément évident, puisque tout le monde peut ressentir le plaisir de la libération d'endorphines, tout le monde apprécie d'augmenter son estime de soi, et personne ne peut affirmer être totalement comblé affectivement ni se sentir magnifiquement beau dans sa tête ou dans le regard des autres ! La différence se fait au niveau du comportement dans la vie quotidienne. Quand une personne qui menait jusqu'ici une vie normale est atteinte de bigorexie, elle va changer de vie. Sa vie va finir par tourner uniquement autour du sport : par exemple, les loisirs deviennent quasiment uniquement tournés vers la pratique sportive, le choix d'un partenaire sera celui de quelqu'un issu du même milieu sportif et l'entraînement devient un vrai rituel. Tout le temps est organisé autour du sport, tout passe après le sport, même pour un non professionnel qui planifie ses autres activités de manière à libérer du temps pour son entraînement. Pratiquer son sport devient une obsession qui prend toute la place, qui envahit sa vie. Si ce tableau existe chez les non professionnels du sport, il est présent, semble-t-il, chez environ un tiers des sportifs professionnels. Pendant leur carrière sportive, cette dépendance au sport peut ne pas être très visible car elle semble naturelle. C'est à la fin de cette carrière que l'on perçoit souvent le problème. En effet, « près d'un tiers des sportifs de haut niveau est contraint de subir une cure de désintoxication après l'arrêt de leur pratique sportive » . Alors, faut-il soigner cette « maladie » ? Peut-être. Mais attention. Cette addiction a aussi des effets très positifs. Au-delà de l'évidence que le sport est bon pour la santé, la pratique intensive peut jouer le rôle d'un anesthésiant émotionnel et bloquer la résurgence d'importantes douleurs psychiques. Ainsi, certaines dépressions sont-elles contenues, masquées par cette pratique sportive. D'autre part, un nombre non négligeable des « bigorexiques » a en fait remplacé une addiction plus grave (substance psychogène, alcool, etc.) par l'addiction au sport, ce qui est un moindre mal. On peut alors considérer que cette addiction est une solution pas totalement satisfaisante à un problème sous-jacent. Cela dit, l'idéal serait bien sûr d'être capable de vivre sans addiction en sachant profiter du plaisir du sport. Cependant, chez les personnes dont la conduite compulsive a des conséquences très néfastes sur leur vie personnelle et relationnelle, une psychothérapie semble incontournable.
On estime que pour un amateur au-delà de 10h de sport par semaine avec une envie irrépressible de continuer voir d’augmenter l’activité sportive un risque de dépendance apparaît. Pour un professionnel, cette durée peut être doublée rien qu’en entraînement mais au-delà de 30H semaine de la même activité le risque devient réel.
2. Quels risques pour le corps ?
Ils sont de différents ordres aussi bien physiques que psychologiques. On peut citer plusieurs pathologies ou risques :
- Epuisement général dû à une trop grande activité sportive
- Risque de déchirures musculaires
- Risque de fractures osseuses
- Infarctus ou déchirure aortique
- Dépendance à des molécules dopantes pour éviter les coups de fatigue
- Désocialisation et ruptures de contacts avec les proches (on s’enferme dans la pratique du sport intensif)
- Dans les cas les plus graves, certaines pathologie peuvent avoir des conséquences irrémédiables voire mortelles.
3. Reconnaître les symptômes de la bigorexie
On en dénombre 10 qui doivent amener à réfléchir ou à consulter un médecin qui prendra les mesures nécessaires afin de minimiser et de soigner ce trouble :
- Réduction du répertoire des exercices physiques conduisant à une activité
physique stéréotypée, pratiquée au moins une fois par jour
- L’activité physique est plus investie que toute autre
- Augmentation de la tolérance de l’intensité de l’exercice, d’année en année
- Symptômes de sevrage avec tristesse lors de l’arrêt (volontaire ou contraint) de
l’exercice physique.
- Atténuation ou disparition des symptômes de sevrage à la reprise de l’exercice
- Perception subjective d’un besoin compulsif d’exercice
- Réinstallation rapide de l’activité compulsive après une période d’interruption
- Poursuite de l’exercice physique intense en dépit de maladies physiques graves
causées, aggravées ou prolongées par le sport et négligence des avis contraires
donnés par les médecins ou les entraîneurs
- Difficultés ou conflits avec la famille, les amis ou l’employeur liés à l’activité
sportive
- Le sujet s’oblige à perdre du poids en suivant un régime, pour améliorer ses performances.
En conclusion :
Il faut rester vigilant et surtout ne pas oublier que le sport doit rester un moment de détente, de plaisir et de convivialité qu’on partage entre amis ou avec un coach. Et en cas de doute, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin traitant.
Article rédigé par Fred
Pour me contacter : manager@gregory-capra.com
Comme quoi le sport peut s'aparenté à une drogue.
RépondreSupprimerInteressant sujet bien traité et facile à comprendre
Ben la suis sur le cul je savais pas que le sport pouvait finir par détruire à très haute dose. Merci Fred pour cet article comme toujours bien écris et à la portée de nos petits cerveaux.
RépondreSupprimer@greg, fais gaffe y a surement un message subliminal dans l'article ne fait pas trop de pompe lol
franck
encore un excellent sujet de qualité bravo Fred
RépondreSupprimerLaure
Hum! l'obsession des drogués du sport masculins rapelle celle des femmes, toujours à surveiller leurs calories, à ne plus être capable de voir une cotelette de porc bien grasse sans friser la catalepsie. Cela devient lassant à la longue, et sans vouloir donner dans le stéréotype, je crois que la plupart des anorexiques mâles sont en fait homosexuels ou bisexuels (comment expliquer autant de torses rasés?). Tout ceci sent le malaise et le mal être, comme chez les mangeurs de Mc do à bédaine...
RépondreSupprimermon mari est atteint de bigorexie et c est tres dur a vivre pour les proches.....J envisage meme le divorce tellement il est accro a son sport
RépondreSupprimerQuand je lui en parle il s enerve, dit que je ne comprend rien vu que je ne suis pas sportive
Il est de plus en plus mince ,arrogant , odieux....bref il se sent superieur a tout le monde.
Bref si un jour je refais ma vie ce sera avec un anti sport car du coup je developpe une haine du sport
Bonjour,
Supprimerje suis journaliste et je prépare un reportage sur la frontière entre passion et addiction au sport. J'essaie de contacter un maximum de sportifs et de proches pour comprendre où peut se situer cette limite, parfois floue.
N'hésitez pas à m'envoyer un mail si jamais vous acceptez d'en discuter avec moi.
Merci beaucoup et à bientôt!
Fleur Martinsse
Journaliste
fleur.martinsse@live.fr
Merci infiniment pour votre article... Bigorexique depuis de nombreuses années je n'ai appris le mot qui qualifiait la maladie qu'il y a peu... Je fais 8 à 10h de sport par jour, ne travaille pas et ne vois plus mes amis...
RépondreSupprimer...je reviens aujourd'hui ( le post précédent est de moi) pour dire que j'ai un conjoint merveilleux qui "accepte" ma maladie ( j'étais déjà comme ça lorsque nous nous sommes rencontrés) mais ne sait quoi faire pour m'aider...Il sait que malgré mon comportement abhérant, malgré cette vie de dingue que je mène et que, par voie de conséquence je lui fais mener, que je l'aime et que je veux m'en sortir car comprennons nous bien, 10h de sport par jour, 365jours sur 365 ( et ce coûte que coûte, malgré les fractures, les tendinites, les infections...) ce n'est pas une vie, ce n'est pas du bonheur, ce sont des chaines qui empêchent et que l'ont serre soi-même pourtant de plus en plus fort...
RépondreSupprimerbonjour, mon nom est typhaine; je rêv e d'une semaine où je serais capable de laisser mon corps au repos qui est très très fatigué d'un point de vue musculaire, tendineux etc....; tu parles de tes heures par jour de sport.... mais arrives tu à diminuer? si oui comment?
SupprimerBonjour,
SupprimerJ'ai laissé le même message plus haut mais je me permets de le reposter ici au cas où.
je suis journaliste et je prépare un reportage sur la frontière entre passion et addiction au sport. J'essaie de contacter un maximum de sportifs et de proches pour comprendre où peut se situer cette limite, parfois floue.
N'hésitez pas à m'envoyer un mail si jamais vous acceptez d'en discuter avec moi.
Merci beaucoup et à bientôt!
Fleur Martinsse
Journaliste
fleur.martinsse@live.fr
:-( non...je suis incapable de diminuer...et si je suis dans l'obligation inévitable de le faire alors c'est au prix de tortures psychologique terribles...et dès que l'occasion revient de faire du sport, je double la dose pour rattrapper ce que je n'ai pas pu faire la veille. Je souffre de plus en plus...physiquement ( parce que je commence à avoir des douleurs partout et qui rendent mes heures de sport difficiles) et psychologiquement parce que je ne fais rien d'autre que du sport bête...ma vie de ne sert à rien, je ne crée rien, je pédale dans la semoule et brasse du vent..rien de plus...
RépondreSupprimerMoi je fais 2H30 ou 3 H tous les jours, 10 H ça me fait peur, j'ai peur d'en arriver petit à petit aussi là... Bon courage à toi, compagne de galère ! Moi aussi, le sport prend toute la place, je suis épuisée, du coup je m'isole, je n'ai plus assez d'énergie pour autre chose.
RépondreSupprimerC'est une bonne question ça, comment on diminue ?
Je perds pied, c'est l'horreur comment on fait pour s'arrêter ? :-(
RépondreSupprimerJ'aurais bien aimé voir le bas de cette photo. :P
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