La natation, un sport très bon pour le corps. Souvent plébiscité pour une bonne musculature des épaules, bras et dos, la natation est un très bon sport qui de plus est auréolé d'un bon esprit et de médailles.
Sport d'été, idéal pour se rafraîchir, replongeons nous dans le grand bain.
Hongrie, août 2010. Championnat d'Europe de natation. Revenons sur ce moment. Les nageurs français ont terminé leurs championnats d'Europe de natation en apothéose dimanche 15/08 en ajoutant encore quatre nouvelles médailles à leur palmarès. Avec 21 médailles dont huit en or, sept en argent et 6 en bronze, la France termine première au classement des médailles devant la Russie. Un résultat historique. Les nageurs français font encore mieux que les athlètes au championnats d'Europe de Barcelone (18 médailles dont huit en or).
Rattrapés par la Russie au nombre de médailles d'or avant la dernière course de la compétition, les relayeurs du 4x100 m quatre nages ont surclassé leurs adversaires en s'imposant devant... les Russes. Lacourt, Duboscq, Bousquet, Gilot ont terminé leur course avec près de 2 secondes d'avance sur leurs premiers rivaux.
Ce titre est d'autant plus mérité qu'il survient après l'or décroché par Frédérick Bousquet, encore lui, sur le 50 m libre à peine une heure plus tôt. Le Français a décroché à Budapest son premier titre international.
Déjà médaillé d'argent sur 50 m papillon, Bousquet s'est hissé sur la première marche du podium en remportant le 50 m nage en 21'49. Son compatriote Fabien Gilot prend la troisième place. Les deux Français pouvaient rêver d'un doublé mais le Suédois Stefan Nystrand, médaille d'argent, en a décidé autrement.
Confirmation et révélation. A deux ans des jeux Olympiques de Londres, ce rendez-vous hongrois a permis à des stars comme Alain Bernard, 27 ans, ou Hugues Duboscq de se rassurer. Le premier a brillé sur 100m. A bientôt 30 ans, le second a remporté trois breloques. Dans le sillage de ces «piliers» de la délégation française, d'autres nageurs se sont révélés. Ainsi Camille Lacourt a remporté 3 titres (50 m et 100 m dos et le relais 4x100 m 4 nages). Et que dire du nouveau phénomène Yannick Agnel ! Le Niçois aux 3 médailles (dont l'or sur 400 libre) s'est plu à «jouer avec les plus grands». Selon son entraîneur Fabrice Pellerin, les choses sérieuses commenceront pour lui en septembre lorsqu'il attaquera le travail de musculation. Agnel a drainé dans son sillage Jérémy Stravius (3 médailles), épatant sur 100 m dos mais aussi sur 200 m libre, une performance rare.
«J'aime bien le fait d'être sur le dos. C'est là où j'ai le plus d'affinités et ça se passe bien comme ça», expliquait Camille dans une interview récente. Ne vous emballez pas, on parle toujours de natation… Mais celui que l'on surnomme «Girafon» en raison de son physique filiforme n'a sans doute pas fini de nous donner du plaisir par écran interposé: il vient de remporter l'or à nouveau, dans l'épreuve du 50m dos! Il semblerait que notre bourreau des cœurs se nourrisse d'or, et uniquement d'or…
Voyons la bio de cet athlète. Natif de Narbonne, Camille Lacourt commence la natation à l'âge de 5 ans à La Cabanasse. Il y côtoie alors Richard Martinez qui encadre toujours le nageur lorsque celui-ci intègre le « pôle espoirs » de Font-Romeu en 2001. Il a alors 16 ans et s'illustre bientôt dans les catégories d'âge inférieures au niveau senior. Il est ainsi médaillé de bronze du 50 m dos lors des Championnats de France cadets en 2002, double médaillé de bronze sur 50 et 100 m dos l'année suivante en juniors avant de remporter deux titres de champion de France lors de sa dernière année parmi les juniors en 2004 sur ces deux mêmes épreuves. Au niveau international, il participe en 2003 aux Championnats d'Europe juniors à Glasgow, sans s'illustrer individuellement mais en terminant au pied du podium du relais 4 × 100 m quatre nages en compagnie notamment d'Amaury Leveaux. La même année, il participe pour la première fois aux Championnats de France seniors à Saint-Étienne. Il parvient alors à se glisser en demi-finale. À Dunkerque, l'année suivante, il démontre de réels progrès en atteignant la finale sur 50 et 100 m dos alors qu'il célèbre son dix-neuvième anniversaire.
En 2005 il obtient ses premières récompenses au niveau national en montant à deux reprises sur la troisième place d'un podium aux Championnats de France à Nancy. Troisième sur 50 et 100 m dos, ses performances combinées à son jeune âge en font alors l'espoir français du dos. En fin de saison, il convertit ces progrès en petit bassin en décrochant ses deux premiers titres de champion de France à Chalon-sur-Saône. Il y remporte les 100 et 200 m dos en dominant respectivement Simon Dufour et Pierre Roger tout en établissant de nouveaux records des championnats.
En septembre 2006, il rompt sa collaboration avec son entraîneur de toujours et rejoint alors le prestigieux groupe chapeauté par Philippe Lucas à Canet-en-Roussillon. Au côté de la tête d'affiche de la natation française Laure Manaudou ou de la dossiste Esther Baron, il voit sa charge de travail sensiblement augmenter. Cette association se révèle rapidement fructueuse puisqu'il s'impose comme le meilleur nageur du pays l'année suivante.
Les Championnats de France 2007 organisés en juin le voient en effet remporter ses deux premiers titres nationaux seniors en grand bassin et battre son premier record de France. À Saint-Raphaël, il efface en effet ce qui constitue alors le plus ancien record de France en dominant les séries du 50 m dos en 25 s 66, cinq centièmes de seconde de moins que l'ancien record du monde de Franck Schott établi lors des Championnats de France d'hiver 1994. En finale, il l'abaisse à 25 s 46 pour décrocher la médaille d'or, la première de sa carrière en grand bassin. Quelques jours plus tard, il réalise le doublé en gagnant le 100 m dos en 55 s 39, huit centièmes de seconde plus rapidement que Benjamin Stasiulis. En fin d'année, il honore une première sélection en équipe de France dans un championnat international élite, les Championnats d'Europe en petit bassin se tenant à Debrecen en Hongrie. Mais peu à son avantage, il n'émerge pas au-delà des séries sur 50, 100 et 200 m dos.
2008 est marquée par les Jeux olympiques disputés à Pékin en Chine, un événement auquel il ne participe pas car il multiplie les blessures en cette année, souffre d'un zona durant les sélections olympiques. Sous des allures nonchalantes, voir laxistes, c'est un gagneur. « Camille est un battant. Il est déterminé. Lorsqu'il a un objectif, il fait tout pour l'atteindre et ne s'arrête pas sur un échec. Sa plus grande déception reste sa non-qualification aux JO de Pékin car il souffrait d'un zona. D'autres auraient baissé les bras. Pas lui. Il a tout de suite rebondi. Il s'est donné encore plus », confie sa mère qui le suit depuis la maison familiale à La Cabanasse, petit village des Pyrénées-Orientales. Organisés à Dunkerque, les Championnats de France servent de sélections en vue du rendez-vous olympique prévu près de quatre mois plus tard. Dans cette optique, des minima chronométriques sont mis en place en série et en finale. Dès les séries, Camille Lacourt perd tout espoir de qualification en nageant le 100 m dos en 56 s 27 alors que le temps requis est de 56 s 22. En demi-finale, en raison d'une coulée trop longue, il est disqualifié et ne peut donc pas prétendre à une place au sein du relais 4 × 100 m quatre nages. Sur 200 m dos enfin, il renonce à la finale après avoir réalisé le huitième temps des séries. Après voir déclaré forfait pour les Championnats d'Europe prévus à Eindhoven au début de l'année, l'échec d'une sélection olympique le convainc de quitter Philippe Lucas dont le groupe d'entraînement s'est démembré suite à la fuite en Italie puis à Marseille de Laure Manaudou, bientôt suivie par Esther Baron et Nicolas Rostoucher. D'un intérêt porté au foncier à Canet-en-Roussillon, Camille Lacourt justifie alors son départ pour le Cercle des nageurs de Marseille par la volonté de travailler davantage le physique particulièrement sollicité en dos, le sien ayant subi une déchirure musculaire durant l'année. Désormais entraîné par Romain Barnier, il retrouve rapidement son niveau en décrochant deux titres de champion de France en petit bassin à Angers, s'appropriant en plus les records de France des 50 et 100 m dos.
Apparues en 2008, les combinaisons de dernière technologie, usant d'un maximum de polyuréthane, un matériau plastique flottant, sont à l'origine d'une vive polémique qui connaît son apogée en 2009.
2010, la révélation. Marquée par un retour au tissu et à l'interdiction des combinaisons, l'année 2010 rompt avec les deux années précédentes et entraîne une baisse des performances au niveau global. Pourtant, Camille Lacourt s'en accommode très bien. Ainsi, lors des Championnats de France organisés à Saint-Raphaël, le dossiste améliore deux fois son record personnel pour le porter à 53 s 29. Vainqueur de cette épreuve mais aussi du 50 m dos à chaque fois devant Jérémy Stravius, il obtient sa qualification pour les Championnats d'Europe malgré des critères de sélection stricts établis selon des temps référentiels de l'ère des combinaisons. Sur 200 m dos, bien qu'il ne satisfasse pas à ces minima, il termine troisième derrière Éric Ress et Benjamin Stasiulis, nouveau record personnel à la clé. Après le rendez-vous national, le nageur, installé en haut de la hiérarchie mondiale chronométrique sur 100 m dos derrière le Britannique Liam Tancock et l'Américain Matthew Grevers, se montre régulier à quelques encablures de son meilleur temps dans les mois suivant la performance.
En juin, il bat même l'Américain Aaron Peirsol, triple champion olympique en dos, sur 100 m à l'occasion d'une étape du Mare Nostrum disputée à Monaco. Il s'impose également quelques jours plus tard lors de l'Open de Paris, sa dernière compétition avant les Championnats d'Europe, signant à chaque finale un chrono sous les 54 secondes. Début août à Budapest, ville hôte du rendez-vous continental, il se présente en 53 s 29 avec le second temps annuel des engagés derrière les 52 s 85 du Britannique Liam Tancock. Impressionnant dès les séries au niveau technique, il atteint aisément la finale en battant le record de France en 52 s 58, meilleure performance mondiale de l'année. En finale, il abaisse cette marque de référence à 52 s 11, temps battant le record d'Europe jusqu'alors détenu par l'Allemand Helge Meeuw. Quatrième champion d'Europe français de l'épreuve après Georges Vallerey, Gilbert Bozon et Robert Christophe sacrés en 1947, 1954 et 1958, il domine son compatriote Jérémy Stravius de plus d'une seconde, tandis que Tancock termine troisième. Ce doublé français est le second de l'histoire aux Championnats d'Europe après celui réalisé par Alex Jany et Jean Boiteux en 1950 à Vienne sur 400 m nage libre. Réalisé en 2007, l'ancien record du monde de l'épreuve nagé avant les innovations technologiques de 2008, œuvre de Peirsol en 52 s 98, est supérieur de 87 centièmes de seconde au temps de Lacourt, qui enlève au passage une seconde et dix-huit centièmes à son record personnel durant ces championnats. Deux jours après cette première victoire, il gagne également le 50 m dos en améliorant le record de France en 24 s 07, échouant à trois centièmes de seconde du record du monde détenu par Liam Tancock qui termine deuxième lors de la course, une marque que le nageur ambitionnait de battre. Le dernier jour, il obtient son troisième titre de la semaine en étant le premier relayeur lors du 4 x 100 mètres 4 nages remporté par la France. Il est accompagné sur le podium par Hugues Duboscq, Frédérick Bousquet et Fabien Gilot.
Pour en finir, nous pouvons dire que ce fut un festival pendant cette période estivale, de quoi générer de nouvelles adhésions en club à la rentrée. Certes avec 21 médailles, l’équipe de France a réalisé les meilleurs championnats européen de son histoire. La jeune génération pousse fort, de quoi réjouir une fédération qui ne doit pas s’endormir sur ces lauriers. Les charges d’entraînements vont devenir plus intense pour contre carré l’effet des combinaisons. Durant ce championnat aucun record ne fut battu mais cependant, les nageurs français ont un bel avenir devant eux et nous promettent encore de beaux moments car ils ne peuvent que s’améliorer.