Julien Magniez - 400m haies -Champion de France Universitaire 2010 « D’ici 2 à 5 ans ça serait du 400m haies de haut niveau, ambitieux et sans limite ». Julien Magniez est l’actuel champion de France Universitaire du 400m haies. Les excellents résultats des français aux championnats d’Europe d’athlétisme lui ont ouvert la piste vers des espoirs de performances élevées. Il fait aujourd’hui partie des meilleurs jeunes de sa catégorie sur cette discipline exigeante qui allie technicité et précision. Préparation physique mesurée, alimentation équilibrée et auto discipline de vie lui permettent actuellement de combiner efficacement son métier de kinésithérapeute et son statut d’athlète de haut niveau. Focus sur un sympathique sprinteur passionné qui fera probablement parler de lui ces cinq prochaines années. Propos recueillis par Anthony Classe.
Un mètre 85, 72 kilos et pas une pointe de graisse : Julien est un gabarit presque idéal sur une distance qui rassemble depuis longtemps les morphotypes les plus variés. De Stéphane Diagana à Kevin Young, (actuel détenteur du record du monde en 46s78) inutile d’espérer atteindre un physique « type » pour battre des records sur cette distance. Des haies à 91cm de hauteur et une difficulté qui réside dans le nombre de foulées entre les obstacles. L’éternelle complexité d’un passage en 13 foulées entre les haies, l’amplitude de la foulée sont autant de paramètres à prendre en compte pour espérer rejoindre la cour des grands dans cette discipline. Julien l’a bien compris aujourd’hui, ses 6 entraînements par semaine vont se poursuivre encore quelques années s’il veut atteindre son rêve ultime : les Jeux Olympiques. Londres ou Rio de Janeiro ne sembleraient pourtant pas si inaccessibles. Les huit meilleurs français sont actuellement entre 49s80 et 51s : avec un record personnel absolu à 52s61, la marge de progression de Julien n’a pas fini d’évoluer.
A.C. : Julien, peux-tu détailler ton parcours (universitaire et sportif). Pourquoi avoir choisi le 400m haies et pourquoi pas une autre discipline ?
Après mon bac scientifique, je suis parti en STAPS (avec comme objectif de devenir kinésithérapeute). J’ai obtenu ma première année puis je suis allé en Belgique pour une école de Kinésithérapie. J’ai obtenu mon diplôme en 2009.
J’ai choisi le 400m haies, avant tout, poussé par mon entraîneur lui-même ancien athlète de 400m haies. Cette discipline m’a plu directement puisque c’est une discipline de vitesse, également technico-tactique (paramètre intéressant et non routinier).
A.C. : A quel âge as-tu commencé le 400m haies ? Considères-tu être tombé dedans dès ton commencement ?
J’ai commencé le 400m haies en Junior 1 à 17 ans. Mon entraîneur et moi avons tout d’abord cherché ma discipline de « prédilection » en passant par le 100, 200, 300, 400, 320 haies. Les résultats étaient là sur 400m haies et cette discipline m’a plu. Donc nous avons persisté.
A.C. : As-tu volontairement fait le lien entre l’athlétisme et ta profession de kinésithérapeute ?
Oui, l’un des paramètres qui m’intéresse dans la kiné c’est le sport, donc la kiné du sport en découle. Je retrouve alors dans ma profession ce domaine qui me passionne. Après, ça n’est pas l’athlétisme en particulier qui m’a poussé à faire ce métier.
Julien Magniez : étirements indispensables après l'effort !
A.C. : Comment perçois-tu le 400m haies par rapport aux autres disciplines de l'athlétisme ?
Le 400m haies est une discipline difficile, oui. La plus difficile je ne sais pas. Mais plusieurs paramètres interviennent : vitesse, résistance vitesse, technique, tactique et mental. C’est la diversité de cette discipline qui est difficile mais qui la rend intéressante.
A.C. : Quel est ton rapport à la nutrition en relation avec le sport de haut niveau?
Mon alimentation est équilibrée (je ne vais pas non plus jusqu’à peser les aliments), mais j’essaie de manger de tout et sans excès avec une hydratation adéquate.
A.C. : Quelle relation entretiens-tu avec la partie psychologique du 400m haies ?
Mentalement il faut être prêt. Le côté psychologique est très important dans cette discipline. C’est une épreuve de vitesse longue mais aussi technique qui nécessite un « bon mental » je pense. J’ai failli avoir recours à la sophrologie, je voulais mais par manque de temps je n’ai pas pu. Je pense que cela serait nécessaire et utile pour être vraiment prêt afin de mieux aborder les compétitions et entraînements.
A.C : Quelle est ta vision du 400m haies avant, pendant et après ?
Avant c’était plutôt du 400m haies de découverte, prendre ses repères et ses marques. Aujourd’hui c’est du 400m haies de compétition, travail, entraînement et d’apprentissage encore. D’ici 2 à 5 ans ça serait du 400m haies de haut niveau, ambitieux et sans limite.
A.C. : Pour toi, y'a t-il un gabarit type pour réussir au 400m haies ? Faut-il nécessairement un renforcement musculaire poussé ?
Gabarit type non je ne pense pas, à l’heure actuelle il a y différents athlètes sur cette discipline. Aussi bien des petits trapus que des grands élancés. Ensuite le renforcement musculaire sera en fonction du gabarit de l’individu et du paramètre technico-tactique de sa course.
Julien Magniez : "Il faut savoir être ambitieux"
A.C. : Quel regard portes-tu sur les derniers Championnats d'Europe d'athlétisme de Barcelone ? Aurais-tu aimé y participer ?
Ce furent de très beaux et bons championnats pour les membres de l’équipe de France. Cela donne nécessairement envie d’aller encore plus vite, de s’entraîner encore plus dur. Aimé y participer oui bien évidemment. Je pense que ces championnats sont accessibles. Il faut savoir être ambitieux, ne pas se donner de limite, juste y croire et se faire plaisir.
A.C. : Peux-tu expliquer en quoi consiste ta préparation physique ?
Le 400m haies est une discipline dans laquelle les entraînements sont découpés en phases : reprise pendant laquelle je fais de l’aérobie (footings, 30’’30’’), le développement 1 où j’effectue des séances sur piste et nature en prenant en compte le renforcement musculaire (éducatifs, courses tractées, endurance musculaire avec des côtes). Vient ensuite la période de compétitions hivernales (vitesse et travail technique), le développement 2 avec du renforcement musculaire (puissance : courses tractées, vitesse et côtes courtes, plyométrie), la période de pré-compétitions (vitesses courte et longue, côtes courtes, travail de l’explosivité) et enfin la période de compétition où j’effectue quelques réglages : le travail se fait davantage en qualité plutôt qu’en quantité avec des rappels de résistance.
A.C. : Athlétisme de haut niveau et athlétisme loisir : quelle frontière vois-tu entre ces deux milieux ?
Nous n’avons pas les mêmes attentes qu’un athlète loisir pour un sport certes identique. L’investissement n’est pas le même non plus. Il existe toutefois des points communs comme le dépassement de soi, le plaisir, …
A.C. : Qu’aimes-tu et que n’aimes-tu pas dans le 400m haies ?
J’aime le paramètre technico tactique de cette discipline, me surpasser, la vitesse, être satisfait d’un gros et dur entraînement, me faire plaisir, mon groupe d’entrainement, mon entraineur, faire un bon chrono, et bien entendu j’aime gagner ! Inversement, je n’aime pas perdre, faire un mauvais chrono et je n’aime pas la musculation (et pourtant il en faut..).
A.C. : Aujourd’hui, as-tu un rêve ainsi qu’une philosophie qui te font avancer ?
Je rêve bien entendu de participer aux J.O. De façon plus accessible, j’espère en 2011 pouvoir participer aux Championnats du monde universitaires, être à moyen termes dans les 10 meilleurs français sur cette discipline, et de pouvoir être sponsorisé. Ma philosophie consiste à s’entraîner, croire en soi et en ses rêves tout en se faisant plaisir.
Qualifications :
Licence 1 STAPS (Liévin- 62)
Diplôme de Kinésithérapie (Haute Ecole Provinciale du Hainaut- Belgique)
Palmarès :
Champion de France Universitaire (2008 et 2010)
Vice champion universitaire (2007)
Match de sélection pour les championnats d’Europe espoir en 2007
Plusieurs fois finalistes aux championnats de France FFA
Pour contacter Julien :
manager@gregory-capra.com