Florent Amodio Une nouvelle étoile du patinage est née. Doté d’un patinage frais, dynamique, vivant et novateur, Florent Amodio, lifte le patinage en amenant avec lui de nouvelles musiques, de nouvelles chorégraphies, une nouvelle façon d’appréhender la glace. Portrait d’un show man, aussi talentueux que gentil. Le sport aime les belles histoires. Celle de Florent Amodio en fait partie. Patineur artistique, artiste, danseur, champion de France Elite 2010, médaillé d’argent au TEB 2010, Florent est né le 12 mai 1990 à Sobràl ( Ceara au Brésil ). Abandonné par sa mère à sa naissance, il est adopté par un couple de français. Il grandit à Frémanville dans le Val d’Oise. Sa mère est institutrice et son père travaille dans l’informatique. Le couple a également adopté une petite fille du même village que Florent. Il aurait pu traîner dans les favelas, ou devenir footballeur. Mais la vie en a décidé autrement et c’est sur la glace que son génie s’illustre. Celui-ci commence le patin à 4 ans, précoce, en compagnie de ses parents lors d’une séance publique. Remarqué par Bertrand Glesser, l’entraîneur du club de Cergy-Pontoise. « J’étais en train de donner un cours et je vois passer un petit bonhomme entre mes jambes. J’ai trouvé qu’il avait un sacré coup de patin. J’ai demandé à ses parents s’ils voulaient bien me le confier. Trois ou quatre mois après, il était déjà avec moi en stage. A partir de là, on a commencé notre histoire et ça fait quinze ans maintenant », raconte Bernard Glesser lors d’une interview en décembre 2009 lors des championnats de France à Marseille. Doué et volontaire, doté d’un impressionnant sens du rythme, Florent progresse donc très vite. Au début de sa carrière sportive, Florent Amodio commence ses premières compétitions et gagne le titre de champion de France minime en 2002. Il va connaître au cours de sa formation des blessures graves au genou entre 2002 et 2004. Ce coup du sort en aurait découragé plus d’un, mais Florent est d’une nature optimiste et rechausse ses patins persuadé que sa maladie l’a rendue plus fort. Je continue avant de lui laisser la parole. La suite lui donne donc raison puisqu’il obtient rapidement de bons résultats. 2009/2010 sera l’année de la consécration : un titre de champion de France et une belle 12ème place au JO de Vancouver le font passer d’espoir à celui de outsider.
Kevin Fortin : « Florent, peux-tu donc rapidement te présenter ? » Florent Amodio : « Je suis donc Florent Amodio, né au Brésil en 1990. Actuellement je vis à Paris. Je suis champion d’Europe de patinage artistique. J’ai décroché mon bac STG en 2007 et j’ai obtenu mon brevet d’éducateur sportif dans la foulée. Et là je vais attaquer STAPS à l’INSEP. Je vis à l'INSEP à Vincennes. Je suis coaché à la fois par Nikolaï Morozov et Annick Dumont. Quand je dis que je vis à l’INSEP, en fait c’est pas si simple. Je prépare mes championnats avec Nikolaï et quand je suis en France, je suis entraîné par Annick. Mais je suis aussi très souvent aussi à New York. Donc je vis entre Paris New York et Moscou. »
KF : « Qu’aimes-tu ? Hobbies, sortie, musique… ? »
FA : « J’aime la musique, celles des clubs, des boites de nuit. J’aime essentiellement le R’n’B, mais en fait j’écoute un peu de tout, allant des Blacks Eyes Peas à Mickael Jackson. Je suis addict à mon Ipod. Je ne peux pas vivre sans mon Ipod. Et puis, bah, j’aime les belles femmes, les belles voitures ... J’aime aussi jouer au foot , écouter du hip hop, danser, beaucoup au sol. Je kiffe la vie à chaque instant ! »
KF : « Comment se passe l’alternance entre la Russie avec Nicholai et Champigny avec Annick ? »
FA : « Très bien, j’ai vraiment trouvé mon équilibre !! Ce sont deux coachs géniaux à mes yeux et j’apprends tous les jours et c’est le principal ! Ma nouvelle équipe me correspond et ils nous restent pleins de belles choses à faire!"
KF : « D’ailleurs, très souvent, et ce fut le cas au TEB, tes sons font mouches, et dépoussièrent un peu ce que traditionnellement l’on peut entendre. A ce sujet, Annick Dumont dit de toi, je l’a cite « Florent ne ressemble à personne. Il a un coté félin et danse comme personne. » Mais pour autant tu restes humble et tu as su garder la tête froide là où certains aurait pris le melon. »
KF : « Tu as un parcours à ton image, assez atypique. Commencer à patiner à 4 ans là où certains courent, font du vélo… »
FA : « Oui en effet j’ai commencé le patinage à 4 ans et de fil en aiguille parce que j’aime mon sport, j’étais plutôt doué, petit, et heureux de faire ce sport surtout. Alors en alliant les podiums au bonheur procuré et ressenti, j’ai continué et bossé de plus en plus pour en arriver là ! »
KF : « Après ton BES, tu suspends tes études pour te consacrer à fond au patinage et cela a payé vu ton palmarès. Toi qui, rappelons-le, est le plus jeune des trois représentants français ayant été au Championnat d’Europe de patinage artistique à Berne (en Suisse). Redis-nous ton palmarès »
FA : « Champion de France 2010 / 12eme JO de Vancouver / 1er finale des grands prix junior / 3eme au NHK ( Japon 2010 ) / 2ème au Bompart / 6eme final senior / champion d’Europe »
Florent incarne sans aucun doute la relève du patinage tricolore. Entré chez les seniors la saison dernière, il n’a connu qu’une grande compétition, les JO de Vancouver où il termina 12ème. Cette saison, il a franchi un cap en choisissant de quitter son entraîneur de toujours, Bernard Glesser, qui l’a connu à 4 ans pour s’entraîner avec le russe N. Morozov. Un choix qu’il n’est pas près de regretter."
KF : « Venons en au sport que tu pratiques. Peux-tu nous le présenter ? Es-tu pro, semi. Tu es en catégorie senior ? Quelle est la différence entre junior et senior ? »
FA : « Nous sommes amateurs, c’est-à-dire pas de salaire fixe. Je suis patineur individuel, c’est-à-dire que je patine seul et dois effectuer un max de difficultés sur la glace. Nous avons deux programmes, un court qui dure 2"50 max et un programme long qui dure 4"40 max ( c’est extra physique ) car c’est de l’effort non stop ! »
KF : « Pour en être là aujourd’hui, avoir ce niveau, tu t’es beaucoup entraîné, en quoi d’ailleurs consiste un entraînement ? Comment choisis-tu musique, costume ? »
FA : « Pour les entraînements, en fait, tout dépend de la période. Si l’on prépare une compétition ou si l’on est dans une phase d’apprentissage, il peut y avoir des entraînements basés simplement sur la technique, d’autres que sur la condition physique, d’autres sur le montage de programmes, d’autres sur les pirouettes ... »
KF : « Justement, tiens, quel est ton choix au niveau du placements de combinaison, des sauts ? Quelle est ta signature patinistique ? »
FA : « C’est le coach qui décide de tout ça ! »
KF : « Points forts et points faibles ? »
FA : « Mon point fort : danseur , je kiffe la vie donc je le fais sentir au public et ça aide vachement , au niveau des expressions, du dynamisme… Mon point faible : je n’ai pas encore le quadruple. »
Florent, est d’un petit gabarit (1m65) mais c’est un véritable show man ( je confirme pour l’avoir vu en live) qui a besoin d’assurer un spectacle pour performer et du soutien du public qu’il n’hésite pas à solliciter. C’est un danseur-né qui puise dans ses racines brésiliennes pour briller. Il a sa vision du patinage « Ma vision du patinage, c’est moi qui m’amuse. J’ai vraiment conscience de ma chance ». Florent est aussi le symbole du passage de témoin Joubert-Amodio. L’entraîneur national, Annick Durant, ne tarit pas d’éloges sur ce dernier « Il est comme un papillon sur la glace ».
KF : « Ton meilleur et pire souvenir ? »
FA : « Le meilleur c’est ma victoire au championnat d’Europe bien sur (sourire) et mon pire ce sont les championnats du monde junior, lors de mon programme court où je fais le pire programme de ma vie mais j’en ai tiré un max de leçons c’est le principal ! »
KF : « La patinoire où tu préfères faire des galas »
FA : « Toutes du moment que le public est bouillant ! »
KF : « As-tu un modèle de patinage ? »
FA : « Lambiel et Plushenko ! »
KF : « A quoi ressemble la journée type d’un patineur en stage de préparation (du lever au coucher ) »
FA : « patin patin patin ! (sourire) »
En effet, lors de ces périodes, Florent passe plus de 5 heures par jour sur des patins. Entraîné depuis le mois de mai 2010 par Morozov, ancien danseur sur glace, Florent Amodio a travaillé sa chorégraphie et donne de l’ampleur à ses programmes. Ne lui manque sans doute qu’une palette technique un peu plus étoffée.
KF : « Que vas-tu spécifiquement travailler comme points cette année afin d’atteindre tes buts. »
FA : « Le quad devient la priorité ! » Car notre prodige n’a encore jamais passé en compétition le quadruple saut, la plus grande difficulté. « J’aimerais bien mettre le quad dans le long. Ce serait une avancée dans mon travail. L’image que j’ai de moi, comme étant le meilleur du monde, c’est avec le quad. »
KF : « Quels sont tes objectifs cette année, le gros enjeu ? »
FA : « Je pense avoir rempli totalement mon objectif en devenant champion d’Europe mais maintenant ce n’est que le début. Je dois continuer à bosser mais cette saison était magnifique !! »
KF : « Quels sont tes ambitions, tes projets, tes envies ? »
FA : « Mes ambitions… continuer à être heureux, transcender un max de foules ! Mes envies futures… Continuer sur ma lancée continuer à bosser et rafler le max de médailles !
KF : « Même si tu es encore jeune et que tu as sans nul doute un très bel avenir devant toi, penses-tu déjà à ta reconversion ? Si oui, vers quel domaine ? »
FA : « Oui même si c’est très flou, j’aimerais bosser soit à la télé, soit radio. On verra bien, je tiens juste à profiter pour le moment de chaque instant car c’est juste un rêve qui devient réalité !! »
Les futurs championnats du monde (prévus initialement au Japon) devaient permettre à Florent « de refaire de grosses performances comme à Berne » et commencer la montée progressive vers les sommets en direction de Sotchi 2014. Souhaitons lui que malgré les évènements et leurs déplacements, il pourra concrétiser ses projets.
Article rédigé par Kevin Fortin