Fabian Bourzat et Nathalie Pechalat A l’occasion des championnats du monde de patinage artistique qui se sont déroulés du 26 avril au 1er mai 2011 en Russie, grand fan de patinage qu’il soit masculin, féminin, libre ou imposé, en couple ou danse et balai, Kevin Fortin vous propose un retour au sport hivernal pouvant se pratiquer quasiment toute l’année, le patinage artistique danse en couple avec en prime, un entretien avec un couple phare de cette discipline, Fabian Bourzat / Nathalie Pechalat.
Le patinage artistique combine le sport et l’art, puisqu’il comprend une expression corporelle gracieuse jumelée avec l’élégance de différentes techniques et de diverses figures.
Histoire du sport
Premiers championnats mondiaux
1896 : patinage artistique en Russie
1950 : Danse sur glace en Grande-Bretagne
2000 : Patinage synchronisé aux E-Unis
Introduction du patinage artistique aux JO
Le patinage artistique est le plus ancien sport aux JO hivernaux. Les premiers jeux de 1924 ont eu lieu en France, à Chamonix, mais le patinage artistique a débuté bien avant cela aux JO d’été en 1908.
Patinage artistique et danse sur glace
Epreuves individuelles femmes Programme court et libre
Epreuves individuelles hommes Programme court et libre
Epreuves en couple mixte programme court et libre
Danse sur glace Programme danse imposée, originale et libre
Le programme court individuel comporte huit éléments techniques obligatoires tels que des combinaisons de sauts et de pirouettes sur une musique au choix, mais uniquement de la musique et non avec des paroles. Le programme court en couple comporte aussi des composantes techniques comme des levés par dessus la tête, des sauts lancés où le patineur projette sa partenaire et des figures sur une musique au choix. La durée du programme court individuel et du programme court en couple est de 2 minutes 50 secondes. Cela compte pour 34% du patinage.
Le programme libre individuel et en couple comportent des figures originales, à la discrétion des compétiteurs et des compétitrices, exécutées sur une musique de leur choix pendant 4 minutes chez les femmes et 4 minutes 30 chez les hommes. Cela compte pour 65% du patinage.
Danse imposé, originale et libre ( ce qui nous intéresse ici )
Les partenaires doivent rester en contact toute la durée de la danse, il y a donc peu de sauts. Le programme de la danse imposée comprend l’exécution d’une danse avec des éléments prédéterminés au son de la même musique pour tous les participants ( 20% du patinage ). La danse originale doit comporter certains rythmes sélectionnés mais le couple peut choisir la musique et les pas ( 30% du patinage ). Dans la danse libre, le couple exécute en toute liberté sa propre interprétation selon la musique de son choix ( 50% du patinage ).
Les principes de notation
Les patineurs, patineuses et couple essaient d’obtenir la meilleur note possible en combinant les éléments techniques à la présentation artistique. Au moment de la notation, les juges tiennent compte du degré de difficultés, de la hauteur, de l’amplitude, du nombre de rotations, de la réception des sauts, de la fluidité, de l’exécution des séquences de pas et de pirouettes. Le jury est composé de 12 personnes. Il note la performance artistique des patineurs. Par la suite, 9 des 12 juges sont choisis au hasard par ordinateur. Parmi les notes des 9 juges sélectionnés, on omet la plus haute et la plus basse. On tient compte des notes de 7 juges pour déterminé le score final.
La patinoire est de dimension olympique ou internationale, c’est-à-dire qu’elle doit mesurer 30m de largueur et 60m de longueur. Toute la surface de la glace doit être utilisée au cours de la prestation.
Afin d’approfondir mes recherches, voici pour vous en exclusivité un entretien avec Fabian Bourzat et Nathalie Pechalat.
KF « Comment en êtes-vous venu à faire du patinage ?
NP « J’ai commencé à patiner à l’âge de 7 ans, en même temps que mes deux petites sœurs. Ma mère a toujours aimé les sports artistiques et (notamment) rêvait d’intégrer l’Opéra de Paris lorsqu’elle était jeune (ses parents s’y étaient opposés). J’ai débuté par le patinage artistique, et donc sans partenaire. J’ai commencé la danse sur glace à l’âge de 10 ans, avec un partenaire (Julien Deheinzelin, qui était le fils de ma prof Anne Sophie Druet). Ce qui m’a tout de suite plu ce sont les jolis costumes des patineuses que je regardais à la télévision !!! »
FB « Pour ma part, j’étais un touche-à-tout à 8 ans. J’ai fait de la natation, du judo et du patinage. Je me suis retrouvé dans un club qui ne faisait que de la danse et l’entraîneur m’a tout de suite mis en couple avec Sonia Casagrande. On s’est très bien entendu et j’ai choisi la patinage exclusivement. »
KF « Pourquoi le choix du patinage en couple ? »
NP « Pendant une année entière, j’ai pratiqué en sport-étude à la fois le patinage artistique et la danse sur glace, puis on m’a demandé de choisir : j’ai opté pour la danse sur glace pour deux raisons : c’est franchement plus rigolo de partager le travail et les bons moments avec quelqu’un et puis, en danse, on tombe beaucoup moins régulièrement !!! La danse sur glace m’est apparue comme un sport plus artistique et plus complet que le patinage artistique : moins ancré dans une routine (prise d’élan + saut). »
FB « Le choix ne s’est jamais vraiment proposé à moi mais je ne regrette pas du tout. J’aime danser et évoluer sur la glace avec une partenaire. Cela crée bien des moments intéressants voire cocasses. Mais aussi des moments difficiles à surmonter à deux. De plus l’énergie d’un couple est tellement plus motivante que d’être seul. Je pense que la plupart de mes choix n’aurait pas été possible sans Nathalie. »
KF « Quel est votre palmarès ? »
FB « Champions d’Europe 2011. Double champions de France (2008 et 2010)Vainqueurs des Grands Prix de France et de Chine et 2nd de la Finale des grands Prix (2010) »
KF « Maintenant, venons-en à votre sport. Caractérisez-le / Présentez votre discipline ? De quoi doit-on la différencier (je crois savoir qu’il y a le patinage en couple et le patinage artistique danse en couple...) ?
NP & FB « En patinage artistique, il existe 4 catégories : les hommes, les dames, le couple artistique et la danse sur glace (toujours en couple).
En danse sur glace, c’est le travail de précision des pas, ainsi que la pureté des pas réalisés par le couple qui priment. S’ajoute à cela, une pirouette, des portés -souvent virevoltants- (qui ne peuvent pas aller au dessus de la tête de l’homme comme chez les couples artistiques) et surtout un sens du rythme et de l’expression artistique. En aucun cas nous réalisons de sauts : spécialité des trois autres disciplines. Notre pratique se rapproche plus de la danse au sol que ce soit danse de salon, danse d’époque, classique, moderne et même contemporaine.
Nous avons 2 épreuves : la Short Dance : nouvelle épreuve depuis cette saison qui rassemble la Danse Imposée (les pas sont imposés ainsi que le rythme) et la Danse Originale (un rythme est donné et l’on peut exécuter nos propres pas en y insérant des éléments imposés type portés, pas en circulaire, etc…). Cette année, le thème est la Valse, on a du insérer un tour de piste de Golden Waltz (danse imposée) ainsi qu’un porté, un pas en parallèle en ligne droite et des twizzles ( tournure multirotative d’un pieds dans le patinage. On le voit plus généralement en danse sur glace, où il apparaît dans un certains nombres de danses obligatoires et est un élément exigé dans la composante des pas en danse libre et originale. Il est aussi commun dans le patinage synchronisé, composante exigé de pas). Le programme dure 2 minutes 40, on doit créer ce programme avec une chorégraphique originale basée sur le rythme de la valse.
L’autre épreuve est la Danse Libre : 4 minutes environ. Le choix du thème est libre, on a une série d’éléments à insérer. Comme son nom l’indique, ce programme nous laisse plus de liberté d’expression et c’est pour cette raison que c’est notre épreuve favorite. »
KF « Pouvez-vous me dire comment se fait un entraînement ? »
FB & NP « Les entraînements, à une semaine de la compétition, sont très courts et très intenses : on s’échauffe hors glace avec de la danse classique ou un échauffement classique de sportif, puis sur glace on s’échauffe rapidement. Sur le 1er entraînement, on exécute quelques passages de la Short Dance sans musique. Puis, on fait le programme en entier et en musique. On retravaille brièvement les éléments techniques. On prend une pause d’une heure environ. Sur le deuxième entraînement : on fait la même chose avec l’autre programme (le Libre). On ne passe pas plus de 2h sur glace durant cette période de l’année.
En revanche, l’été par exemple, lorsque nous montons les nouvelles chorégraphies, on passe jusqu’à 6h sur glace pour travailler les détails, rechercher des nouveaux éléments techniques et artistiques. On travaille également beaucoup au sol les différents types de danses, les portés, l’expression, mais aussi la musculation. »
KF « Comment se fait la notation lors d’épreuves ? Pouvez-vous nous expliquer car c’est pas toujours évident à comprendre »
FB « Il y a 2 parties :
La partie technique se fait en 2 temps :
- les contrôleurs techniques : 3 personnes notent les niveaux techniques des éléments (maximal 4, minimal 0)
- les juges : ils notent ensuite la qualité de la réalisation des éléments en mettant des bonus et des malus (cela va donc de +3 à -3). Le cumul de ses deux jugements donne une note globale TECHNIQUE. »
NP « Et la partie artistique :
les juges notent l’artistique avec 5 critères : le rythme musicale, la chorégraphie, l’interprétation, la performance, la base de patinage. Ces 2 notes rassemblées donneront la note Finale. »
KF « Comment se détermine le choix d’un costume, d’une musique ? »
NP « Cela dépend selon les années et les patineurs. Pour notre part, il nous est arrivé d’avoir un thème en tête, et d’ensuite faire un travail de recherche musicale, puis de costumes. D’autres fois, c’est une musique qui va s’imposer a nous, et on va construire notre programme autour.
Il faut savoir que le travail d’équipe est très important : entre les partenaires (Fabian et moi) mais aussi avec les entraîneurs, la fédération, les chorégraphes et la costumière. Chacun a un rôle qui est bien défini et primordial. Lorsqu’un projet né, il est impératif que chacun remplisse sa part du contrat et que l’on soit tous d’accords quant au projet qui va être mis en place. Plus c’est cohérent dès le départ, plus le travail pourra être précis et accessible par tous, c’est-à-dire des juges mais également du public. »
KF « Quelles sont les qualités d’un bon binôme ( couple ) / Taille, force, grâce...? »
FB & NP « C’est le rapport puissance/charisme qui prime. Bien sur le binôme doit être beau, élégant, léger, imposant, expressif, technique, etc… mais il doit surtout être équilibré : les deux partenaires doivent mettre en avant leurs propres personnalités mais surtout se construire et se servir de LA personnalité formée par le couple. »
KF « Comment est vu votre discipline dans le milieu ? »
FB « Dans le milieu, c’est la discipline qui est le plus artistique et qui demande le plus de renouvellement, de création. Elle est moins impressionnante que les prouesses physiques des "sauteurs" mais elle est souvent appréciée par l’émotion qu’elle dégage. Selon les pays, les disciplines phares du patinage artistique diffèrent : au Japon on apprécie surtout les dames et les hommes. En Russie, c’est la danse sur glace qui prime. En France, c’est depuis longtemps, les hommes et la danse sur glace. »
KF « Le choix du club joue t-il ? »
FB « Le choix du club ne joue absolument pas. En revanche, à l’international, le pays d’appartenance joue. C’est lié a ce que je disais juste au dessus : selon la culture du pays : en France par exemple on a (et a eu) beaucoup de champions chez les hommes et en danse sur glace, et ca se perpétue. Le monde du patinage international s’attend à voir de bons danseurs et de bons "hommes"... »
KF « Qui vous entraîne ? Avez-vous un staff ? »
NP « On a une grosse équipe derrière nous, même si elle ne peut pas se déplacer à chaque compétition car la plupart de ses personnes travaillent avec nous ponctuellement : les chorégraphes, la costumière, les préparateurs mental et physique, etc... Ils interviennent régulièrement, mais pas quotidiennement, contrairement à nos entraîneurs, qui eux, sont russes. C’est pour cela que l’on s’entraîne à Moscou depuis trois ans. »
FB « Nous nous déplaçons pour aller chercher ce qu’il nous manque, le petit truc qui nous fera devenir meilleur. Notre équipe est internationale, on a un chorégraphe espagnol aussi et un manager italien. On aime s’entourer des meilleurs, dans n’importe quel domaine : à chacun sa spécialité. Ce sport est à la fois un métier et une grande passion. »
KF « Quels sont vos modèles ? Qui vous inspirent ? »
FB « Les Duchesnay - Ensuite, c’est surtout une qualité chez l’un que l’on va remarquer, puis un détail chez un autre, une personnalité chez un "homme"… bref, pour construire notre idéal, on a recours, très souvent, à plusieurs patineurs… »
NP « À nous ensuite de travailler et posséder toutes les qualités qui nous semblent intéressantes pour proposer au public un couple homogène, complet et créatif. »
KF « Merci pour cette agréable conversation, instructive .»
Ainsi vous avez maintenant tous les éléments pour comprendre au mieux ce sport si particulier et si télégénique je trouve.
Souhaitons leur de réaliser une fois de plus de belles performances car c’est un couple vraiment de haut niveau.
Article rédigé par Kevin Fortin
Photo confiée à Kevin par Fabian Bourzat
Pour contacter Kevin : manager@gregory-capra.com